Des journalistes convoqués par la DGSI : La presse est inquiète, le gouvernement minimise

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Le président du directoire de « Le Monde » Louis Dreyfus, Ariane Chemin, journaliste au Monde, ainsi que des confrères de « Disclose » et une consœur de « Quotidien » ont été convoqués par la DGSI. Ils travaillaient toutes et tous sur des enquêtes portant sur la vente d’armes à l’Arabie Saouditee et sur l’affaire Benalla.

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La presse française est inquiète après les convocations de deux journalistes par la  DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure). Dans une tribune signée par plusieurs sociétés de journalistes et publiée dans « Le Monde » le 22 mai dernier , il est annoncé que le 29 mai prochain l’une de ses journaliste, Ariane Chemin, sera entendue en « audition libre » par la section des atteintes au secret de la défense nationale.

Ariane Chemin a publié des articles sur l’affaire Benalla. Selon les auteurs de la tribune, la DGSI reproche à la journaliste « d’avoir révélé, dans des articles sur les affaires d’Alexandre Benalla, des informations sur le profil et le parcours d’un sous-officier de l’armée de l’air, Chokri Wakrim, compagnon de l’ex-chef de la sécurité de Matignon, Marie-Elodie Poitout. M. Wakrim était lié par un contrat de protection rapprochée avec un homme d’affaires russe, qui a conduit à l’ouverture d’une enquête pour « corruption » ».

La tribune rappelle également que, toujours le 22 mai, Michel Despratx, collaborateur site d’investigation Disclose, a été informé de « sa convocation le 28 mai, toujours par la DGSI, dans le cadre d’une enquête pour « compromission du secret de la défense nationale », après la publication d’une note classée « confidentiel défense » détaillant l’utilisation dans la guerre meurtrière au Yémen des armes vendues par la France à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis ». Cette convocation est arrivée – rappelle le quotidien du soir – « une semaine après que nos confrères » Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, de Disclose, et Benoît Collombat, de Radio France, « ont déjà été entendus par la DGSI au titre de cette même enquête ».

L’enquête sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite a déclenché une autre convocation, celle de la journaliste Valentine Oberti de TMC. C’est elle-même qui l’a révélé dans l’émission de Quotidien du 22 mai. Selon la journaliste, la convocation a eu lieu en février 2019.

Les syndicats des journalistes sont très préoccupés. La CFDT-Journalistes a défini les initiatives de la DGSI comme « une procédure dont le but inavoué est de faire taire les journalistes dans l’exercice de leur mission d’informer ». Pour le SNJ (Syndicat national des journalistes) « il se passe quelque chose de très malsain dans ce pays. Nous y voyons la volonté d’intimider les journalistes et leurs sources, et c’est totalement scandaleux ». Le SNJ-CGT  a qualifié ces convocations comme un « nouveau coup de canif insupportable contre le journalisme et la liberté d’informer ».

Le 23 mai, le président du directoire du journal Le Monde, Louis Dreyfus, a déclaré à l’AFP avoir été également convoqué par la DGSI, dans les mêmes circonstances qu’Ariane Chemin.

La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a balayé du revers de la main, les craintes de la presse française. Invitée de Audrey Crespo-Maria, sur Europe 1, la représentante gouvernementale a déclaré que « les journalistes sont des justiciables comme les autres » et qu’il est normal « qu’un État protège un certain nombre de données nécessaires à des activités de défense extérieure et militaires ».

 

 

 


(crédit photo à la une : Elijah O’Donnell dans Unsplash)

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