Un vendredi soir au Printemps de Bourges
La 43ème édition du Printemps de Bourges s’est tenue du 16 au 21 avril. Putsch y a fait une halte pour la soirée du vendredi. On vous raconte.
Le plus frustrant dans les festivals est de réaliser que nous ne pouvons pas tout voir. Il faut faire des choix. En scrutant la programmation de l’« Happy Friday » du « #PDB », on savait bien que ça n’allait pas être simple…
Nous avons donc porté notre choix sur le W, immense barnum sur les rives de l’Auron abritant une non moins colossale scène. Au programme : Jeanne Added, Skip the Use et Thérapie TAXI. Le soleil n’est pas encore couché, on entre, petit bout d’humain noyé dans une foule qui se densifiera au fil de la nuit.
Jeanne Added : ça plane pour nous !
Avec son deuxième opus, Radiate, Jeanne Added a remporté deux Victoires de la musique : artiste féminine et album rock de l’année. Pour nous, elle inaugure le festival. Son rock mélodique aux effluves électro est encore meilleur en live, la chanteuse blonde platine nous offre un show épuré, maîtrisé, basé sur sa présence scénique et ses arrangements sonores si particuliers. Sa voix puissante se combine parfaitement à ses déhanchements fluides et énergiques : Jeanne Added incarne et vit ses chansons. Ça se sent. Ça se ressent. Elle nous emporte. Et le temps est comme suspendu. Un temps qui a filé trop vite, la comète Added a traversé les étoiles berruyères. On se dit que la soirée commence plutôt bien…
Skip the Use : reformés et très en forme
Si Jeanne Added nous a capturés, Skip the Use va rapidement nous libérer ! Quid du groupe ? Originaire de Lille, né en 2008, se sépare en plein succès pour divergences artistiques. Dix ans après leur formation, Mat Bastard (le chanteur) annonce leur résurrection. Sur la scène du Printemps, leur réputation de performeurs scéniques se vérifie : on ne sait pas trop comment le barnum a survécu à un live aussi explosif…!
Mat Bastard fait le show et visiblement, il est ravi de retrouver ses camarades et le public du groupe. Le concert s’ouvre d’ailleurs sur les paroles « Winding roads are the most beautiful » tirées de « People in the Shadow »… Avant d’enchaîner avec les succès repris à l’unisson dans le public : « Ghost », « Nameless World », « Cup of Coffee ». Le rock mélodique et le rock nerveux se fritent, le concert est électrique ! On n’est pas là pour se laisser bercer et Mat Bastard invite les fébriles allumettes que nous sommes à produire aussi des étincelles : on joue à 1, 2, 3 soleil grandeur nature ! « The world’s going so crazy, step in to my only true rock city. » Skip the Use reformé semblait une bonne idée. Ce live l’a confirmé.
Thérapie TAXI : mille fois trop fun
Passer juste après Skip the Use semblait mission impossible. C’était sans compter sur la prestance de ce jeune groupe qui monte, qui monte… On les connaît notamment grâce au succès de leur titre « Hit Sale » en duo avec le rappeur Roméo Elvis. Thérapie TAXI, ce sont des paroles (très) second degré, volontairement provoc’ et un beat effréné. Ça parle d’amour, de sexe, d’alcool, mais à la sauce Thérapie TAXI, on pourrait dire un peu trash acidulé, « ça sent le scandale, fatal, répété »…
On retrouve donc sur scène Adé (Adélaïde Chabannes de Balsac), Raph (Raphaël Faget-Zaoui) et Renaud (Bizart). Targuer le groupe de provocateur serait réducteur tant les textes sont travaillés et volontairement décalés, le rythme haut et entraînant. Des paroles qui racontent sûrement quelque chose de notre époque, des moments de vie où tout va très vite, où tout peut prendre des proportions énormes. Le titre qui les a révélés, « Salop(e) », évoque par exemple la rupture amoureuse des deux côtés de la barrière, homme-femme, parité, zéro parti pris, la colère fifty-fifty, l’amour « bigger than life ». Pas « relou » au final, c’est drôle et fun !
Raph attrape une bouteille de rhum, le goulot sur les lèvres et dans le gosier d’un public déchaîné, ambiance « Superstar ». On fait péter le champagne pour l’anniversaire d’Adé… Ça dépote donc aussi sur scène, même si on a tendance à se demander si la provoc’ est exagérée au détriment, justement, de ce côté second degré réjouissant ? Mais Thérapie TAXI, « lourd comme une thérapie, léger comme prendre un taxi », sait brouiller les pistes. Voilà donc un concert où « tout le monde déraille » délibérément. Voir un lapin rose extirpé du public et sautiller sur scène n’est pas du tout surréaliste ici… Dansons sur des « Hit Sale » car le groupe est à suivre, assurément.
Printemps de Bourges 2019, on a fait de bons choix !
Printemps de Bourges
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