La France et l’Italie ont recommencé à se parler. Pour combien de temps ?
Durant ce sommet du G7 des ministres de l’Intérieur, Paris et Rome se sont rapprochés. Matteo Salvini et Christophe Castaner ont mis de l’eau dans leur vin, mais ils n’ont pas renoncé à se lancer quelques piques. Retour sur ces messages politiques, peu repris par la presse française.
Pendant deux jours, l’un des cauchemars des services de communication de Place Beauvau avait un prénom et un nom : Matteo Salvini. Soyons clairs, le ministre italien de l’Intérieur n’a pas provoqué des nouvelles tensions diplomatiques avec Paris, comme l’avait fait son homologue Luigi Di Maio au mois de février dernier.
Pour cause, Matteo Salvini a géré sa communication de façon complètement indépendante des autres ministres de l’Intérieur. Ainsi, les journalistes qui couvraient l’événement, ont compris rapidement qu’une prise de parole devant la presse de Christophe Castaner, était précédée ou accompagnée, par une conférence de presse improvisée de Matteo Salvini. Le ministre italien a semblé vouloir « marquer son territoire« , tout en affichant une bonne entente avec le locataire de la Place Beauvau.
En parallèle, Matteo Salvini, ne s’est pas empêché d’évoquer des sujets d’actualité de politique française. Par exemple, lors de la conférence de presse organisée en fin d’après-midi ce jeudi 4 avril, le ministre transalpin a critiqué ouvertement les banques qui n’accordent pas de crédits bancaires au Rassemblement National.
« Lors de la conférence de presse organisée en fin d’après-midi ce jeudi 4 avril, le ministre transalpin a critiqué ouvertement les banques qui n’accordent pas de crédits bancaires au Rassemblement National »
Matteo Salvini a répondu à la question de Putsch : « Je pense que c’est terrible pour la démocratie. Je ne pense pas qu’il revienne à tel ou à tel banquier de choisir à qui accorder un crédit. J’ai l’impression qu’en ce moment, le parti de Marine Le Pen est le premier mouvement politique en France. Je trouve triste qu’on essaie d’arrêter un mouvement élu démocratiquement en utilisant des critères peu démocratiques. Si j’étais l’un de ces banquiers, j’aurais honte car ce n’est pas à eux de décider quel parti est démocratique ou pas« .
« Je trouve triste qu’on essaie d’arrêter un mouvement élu démocratiquement en utilisant des critères peu démocratiques. Si j’étais l’un de ces banquiers, j’aurais honte car ce n’est pas à eux de décider quel parti est démocratique ou pas »
Matteo Salvini
Lors d’une autre rencontre improvisée avec la presse, à la fin du sommet, Matteo Salvini a évoqué sa rencontre avec Marine Le Pen dans la matinée du 5 avril : « La rencontre a été positive. Nous sommes en train d’organiser un grand événement pour l’Europe des 30 prochaines années. Il aura lieu en Italie, au mois de mai. Nous inviterons tous les mouvements politiques alternatifs à la gestion socialiste et populaire (de l’UE, ndlr) ».
Puis Matteo Salvini a lancé une pique à la France en parlant de la situation en Libye. « Je suis très préoccupé. Je l’ai dit dans une session de travail qu’il faut jeter de l’eau sur le feu et non pas de l’huile. Je ne voudrais pas que quelqu’un, souhaitant préserver ses propres intérêts économiques et commerciaux, inspire une solution armée. Cela serait désastreux« . « Vous faites allusion à la France? » lance un journaliste auquel le vice premier ministre italien répond avec humour : « toute ressemblance avec des personnes ou des choses réelles est purement accidentelle« .
« Je suis très préoccupé. Je l’ai dit dans une session de travail qu’il faut jeter de l’eau sur le feu et non pas de l’huile. Je ne voudrais pas que quelqu’un, souhaitant préserver ses propres intérêts économiques et commerciaux, inspire une solution armée. Cela serait désastreux«
Matteo Salvini
Putsch a également demandé à Matteo Salvini comment l’Italie suivait la situation en Algérie. « Nous sommes préoccupés » a répondu le ministre transalpin. Matteo Salvini a souligné que l’Italie surveille particulièrement la Tunisie : « Il ne faut pas oublier que la majeure partie des revenants de l’Etat islamique sont tunisiens. Et, comme en 2018, la nationalité tunisienne est la plus représentée parmi les migrants débarqués en Italie. Nous devons redoubler d’attention sur ce pays. Mes homologues le savent aussi. Nous sommes préoccupés par tout éventuel foyer (de tension, ndlr) qui puisse se produire sur le front méditerranéen ».
La « Pax » entre la France et l’Italie va-t-elle durer longtemps ? Il faut le souhaiter. Peut-être que la réponse nous parviendra à l’issue du meeting électoral des mouvements politiques proches de la Ligue et du Rassemblement National, annoncé par Matteo Salvini.
(crédit photo à la une : arrivée de Matteo Salvini à Place Beauvau le 4 avril 2019 – © M.Ghisalberti/Putsch)