Liv, une première question sur vos influences : Joni Mitchell, Nina Simone, Jeff Buckley et Duke Ellington, quel est le lien avec ces artistes ?
J’adore leur musique et leur esprit, j’ai beaucoup écouté ces quatre artistes. Lorsque j’ai commencé de chanter leurs chansons, j’étais très à l’aise. Chez Jeff Buckley et Nina Simone, c’est la tragédie dans leur voix qui me touchent et que je comprends. La poésie et l’intelligence dans les paroles de Joni Mitchell et la liberté avec ses phrases m’inspirent énormément.
Née en Irlande, est-ce qu’on peut parler d’un jazz irlandais selon vous ?
Notre musique traditionnelle est en fait comme le jazz car elle est fixée sur l’improvisation. À mon avis, il n’y a pas un vrai scène de jazz en Irlande, pas comme ici en France. Pourtant, j’ai toujours adoré parler des chansons irlandaises aux musiciens de Jazz. Je crois qu’il y a place pour développer et explorer cela.
Vous vous êtes installée à Paris depuis quelques années. Qu’est-ce que cela a apporté à votre carrière, Liv Monaghan?
En tant qu’étrangère, Paris m’offre un espace dans lequel je peux créer et me sentir à l’aise. J’ai rencontré des musiciens que je ne rencontrerais jamais à Dublin, ce qui a considérablement développé mon son et ma perspective. Paris m’a donné l’occasion d’étendre mes ailes.
Un nouvel album Slow Exhale, pourquoi ce nom ? Quelle place a-t-il dans votre carrière ?
Il m’a fallu beaucoup de temps pour choisir un nom pour cet album. Et après plusieurs options, y compris des noms en langue irlandaise, j’ai choisi Slow Exhale, parce que je voulais quelque chose qui reflète la nature méditative des chansons. Slow Exhale est mon premier album et le début de mon parcours musical.
Quelle est le point de convergence de votre musique entre le Jazz, la Folk et la Soul ?
Je pense que mes paroles sont plus ou moins dans la tradition folklorique, ma voix a des éléments de Soul et dans l’arrangement, on trouve les couleurs du jazz.
Votre chant incite à une proximité voire une intimité avec votre public. Est-ce voulu, Liv Monaghan ?
N’est-ce pas ce que tous les musiciens désirent? Je suis heureuse d’avoir trouvé cette intimité. Je pense que cela me procure autant de joie que mon public.
En quoi votre travail est-il expérimental musicalement ?
Toute improvisation n’est-elle pas expérimentale? Je ne joue pas avec l’électronique, mais je suis toujours a la recherche de quelque chose quand je joue – c’est peut-être minuscule, mais je recherche la joie.
Quel est le processus d’écriture de vos chansons ?
J’écris des chansons pour répondre aux sentiments, puis je les extrais pour qu’elles soient plus grandes que mes simples sentiments. La plupart du temps, j’écris quelques réflexions et puis, je me mets face au piano. C’est un processus très organique. Je partage de nouvelles idées musicales avec Sava Medan et il m’aide beaucoup dans les arrangements.
Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans le Jazz ?
Je pense que c’est aujourd’hui le meilleur moment pour être une femme dans le jazz mais il y a toujours place à l’amélioration. C’est encourageant de voir de plus en plus de femmes dans le jazz, prendre le contrôle et s’exprimer. Beaucoup de mes musiciens préférés sont des femmes de la scène française. J’aime beaucoup Leila Martial, Anne Paceo et Laura Perrudin par exemple.
Est-ce que votre identité irlandaise a façonné, influencé votre musique ?
Je pense que, quoique nous fassions, nous ne pouvons pas éviter nos racines. L’art est très révélateur.
Pour finir, votre univers est très visuel aussi bien au niveau de vos clips que des photos utilisées autour de vos albums.Est-ce important pour vous ?
Bien sûr, le visuel est vraiment important pour moi – la musique est visuelle! Nous pouvons échapper aux frontières des mots lorsque nous travaillons avec l’image et le son. J’ai la chance d’être entourée de talentueux designers, de photographes et de cinéastes.
Liv Monaghan – Slow Exhale
Prochains concerts en France
30 Mars – Baiser Salé ( Paris) https://www.placeminute.com/jazz/liv_monaghan_quartet,1,28530.html
12 Juin – Péniche Marcounet ( Paris)
(Crédit photo Aldona Gritzmann)