« Après la fin » : duel sur fond de huis clos post-apocalyptique

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Une terrible explosion nucléaire sonne l’Apocalypse, dont seuls Louise et Mark réchappent. Il l’a sauvée puis portée jusque dans son abri antiatomique. Mais le duo de survivants ne tarde pas à virer au duel…

« Après la fin » est un thriller psychologique écrit avec subtilité par le dramaturge britannique Dennis Kelly et brillamment mis en scène par Baptiste Guiton. La pièce aborde à la fois avec densité et légèreté des notions telles que celles des enjeux de pouvoir, de déshumanisation ou même de folie obsessionnelle.

Survivre à la fin du monde, et après ?

Louise et Mark hésitent entre le soulagement d’être toujours en vie et la frustration d’être cloîtrés et contraints de partager leur intimité. Deux visions politiques du monde, deux tempéraments opposés, deux appréciations divergentes de leur entourage commun, deux modes d’organisation du quotidien : plus ils se découvrent, plus ils s’éloignent l’un de l’autre. Dans ce microcosme, la solidarité des survivants laisse donc place à l’affrontement, et une lutte acharnée pour s’emparer du pouvoir s’ensuit inévitablement : d’amis à ennemis il n’y a qu’un pas.

Ce formidable duel est remarquablement joué par les comédiens Tiphaine Rabaud Fournier et Thomas Rortais toujours justes dans leur interprétation. Le rythme du texte est ponctué par celui de la musique très présente de Sébastien Quencez, ce qui donne corps à une intensité dramatique avec un traitement quasi-cinématographique.

L’être humain dans toutes ses nuances

Tour à tour bourreau ou victime, les personnages expérimentent leur humanité dans toute sa substance mais aussi ses limites, dès lors ils s’engagent par moment dans le processus de leur propre déshumanisation. La violence générée prend différentes formes, qu’elle soit psychologique ou physique, elle s’infiltre en allant crescendo entre les deux personnages dans leur rapport à la domination de l’un par l’autre. La folie sait régulièrement prendre le pas sur la raison, mais quelle que soit l’issue de cette situation, les deux protagonistes restent liés à jamais par leur expérience commune.

« Après la fin » est une ce ces pièces de théâtre qui participent à alimenter notre propre réflexion, et si elle ne livre pas toutes les réponses, elle pose néanmoins des questions existentielles auxquelles chacun pourra répondre selon son libre-arbitre. Une grande réussite !

« Après la fin » de Dennis Kelly

TNP – Théâtre National Populaire – 8 place Lazare-Goujon 69627 Villeurbanne cedex
Du mardi 29 janvier au jeudi 21 février 2019

Mise en scène de Baptiste Guiton

Avec Tiphaine Rabaud Fournier et Thomas Rortais

Texte français : Pearl Manifold et Olivier Werner – Scénographie et accessoires : Quentin Lugnier – Lumières et Régie générale : Julien Louisgrand – Création sonore : Sébastien Quencez – Costumes et accessoires :Aude Desigaux – Régie son : Sylvain Fayot – Assistanat à la mise en scène : Juliette Donner – Administration de production : Sylvie Vaisy – Chargée de développement, de production et de diffusion : Martine Desmaroux – Production : L’Exalté – direction Baptiste Guiton – Coproduction : La Machinerie – Théâtre de Vénissieux, Théâtre National Populaire.

« Après la fin » est publié et représenté par L’Arche, éditeur et agence théâtrale.

Durée estimée du spectacle: 1h20

Crédit photos : Michel Cavalca

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