Les 40èmes Trans Musicales de Rennes, c’était comment ?

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Ici, ce sont les talents émergents qui font le show ! Et la musique ne connaît pas les frontières : métissée, elle se mélange pour mieux éclore, se partager et s’ouvrir au monde. Chaque année, les Trans Musicales invitent à la découverte. Putsch y était et vous raconte.

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Rennes, ses maisons à colombages, ses galettes-saucisses, sa scène rock. Les Trans. Des rencontres mythiques qui fêtent leur 40ème édition. « Nouveau depuis 1979 », martèle le slogan probablement le mieux trouvé au monde… Mais à quoi bon faire un énième récit ? Les Trans, ça se vit ! OK. Mais on a de la veine en France d’avoir un festival qui injecte une dose de nouveaux sons venus des quatre coins du monde dans un corps musical qui n’est jamais repu. Cet événement draine 60 000 âmes chaque année… Les Trans, ça transpire l’associatif et la solidarité avec des prix très abordables, un ADN de découvertes, des propulsions scéniques tous azimuts (Bars en Trans dans le centre-ville, concerts à la prison de Rennes). En parler, partager, soutenir et voyager, avec une carte musicale représentative des mouvements du monde entre les mains. Niveau culture, nous n’avons pas peur de dire que faire Les Trans est un acte citoyen !

Avant de sauter dans le train, on se met immédiatement dans l’ambiance. On est un peu comme le personnage de la superbe affiche de Brendan Monroe : en mode énergie tourbillonnante et élévation musicale induites par des découvertes pointues. Nous avons plutôt confiance en Jean-Louis Brossard (lire interview), le directeur  : la programmation, en fait, « c’est des choix d’amour ».

Nous, on sait aussi que nous n’éviterons pas quelques frustrations : on ne pourra pas tout voir. Avant de passer en mode festivalier, on a donc écouté la foisonnante playlist. Parmi nos coups de cœurs, le rock mélancolique de Bigger (lire interview) et celui, plus rageur et féminin, de Madam. Puis il y a la dream-pop entraînante de The Blind Suns et l’italo-disco moderne de Bruno Belissimo… Côté électro, Dombrance et ses titres décalés inspirés par des personnalités politiques, nous donnent des ailes. Le tandem rennais d’Atoem nous fait carrément décoller avec sa techno puissante et cosmique née des entrailles d’un improbable synthé modulaire. Dans un tout autre style, on succombe aux mélodies sacrées de The Naghash Ensemble, un groupe qui orchestre des poèmes sur l’exil écrits au XVème siècle par un prêtre arménien (Mgrditch Nagash, ndlr), dans un savant mélange de chant lyrique, musiques traditionnelles arméniennes et jazz contemporain : c’est surprenant, spirituel et sublime. Tout aussi inimitable que la troupe nipponne Ajate et leurs instruments en bambou… Et que dire de Robert Finley, ce charpentier qui perdit la vue pour finir musicien de rue ! Cette voix nappée de blues et de soul nous hante longtemps après l’avoir écouté. Les Trans, émoji cœur. A notre arrivée, un timide soleil rennais transperce les traditionnels nuages bretons.

https://www.youtube.com/watch?v=6dFm0nY991c

(Robert Finley)

Trans Musicales de Rennes : des live à la hauteur des groupes dénichés

Samedi soir, l’heure des live. Un vent sec se lève. On rejoint un parc des expo encore tranquille. Une expo photo retraçant les 39 éditions précédentes apparaît sur les murs dans un sillage de parfum de crêpe et de bière. Le moment idéal pour s’attarder sur les très beaux clichés de Marquis de Sade, Nirvana, Daft Punk, The Prodigy, L’Ombre Jaune (premier nom de Niagara) : ils sont tous là… Quand on sait ce que tous ces groupes alors inconnus sont devenus, on est très excités à l’idée de faire des découvertes qui, sûrement, entreront dans l’Histoire ! Dans le gigantesque bâtiment, c’est le calme avant la tempête : on discute, on boit, on mange. Des huîtres de Cancale, des galettes et même un « Breizh Kebbab », la Bretagne à toutes les sauces, inénarrable. On aime !

Direction un premier hall. De l’électro pop synthétique pour se mettre en jambe : voici Losange. Une scénographie assez intersidérale encercle Benoît Baudrin, son ordinateur et son synthétiseur. Et nous voilà agréablement surpris par un son à la fois remuant et poétique, aux mélopées qui appellent autant à la rêverie qu’à la fête. Après tout, un de ses titres est « Spleen Sidéral »… Ça commence bien !

Pas le temps de tergiverser car sur cette même scène débarque Makeness. Nous ne l’avons pas prévu sur le programme, pour tout avouer. On reste. On écoute. C’est vraiment pas mal ! Makeness, donc, c’est Kyle Molleson, un londonien qui aime vivre à la campagne : sa pop électro, parfois bruyante, souvent planante, nous hypnotise. On a bien du mal à décoller et pourtant, nous mourrons d’envie d’aller voir Bodega ! Le quintet mixte de Brooklyn nous botte depuis que nous avons écouté la playlist des Trans 2018 en amont. On dit que c’est l’une des grosses sensations rock du moment… Bien vu ! La scène sent bon le son post-punk new-yorkais, nimbée des vapeurs s’élevant des rues de la grosse pomme… C’est décapant, fun et nerveux.

 

https://youtu.be/1LNWqaiVhq4

(Bodega)

Dehors, une fine pluie tombe. La Bretagne, mix météo. Dans le hall dans lequel on s’engage, c’est plutôt caliente ! Arp Frique ensoleille une salle comble : ça sautille, ça se dandine, au son groove de ce projet du néerlandais Niels Nieuborg mêlant funk, latin jazz, reggae, samba… Les origines new-yorkaises de la disco. Du « tropical boogie » en Bretagne, un cocktail détonnant aux effluves africaines, latino-américaines, afro-caribéennes. Un son afro et un métissage qui enflamment. Les projos s’affolent, un beau jeu de couleurs exalte le hall, des ballons gonflés à l’hélium flottent au-dessus de la foule. Nous sommes en ébullition !

 

https://www.youtube.com/watch?v=GeHp1CRRKfA&t=0s&list=PLiWxhIGRxPrAkJjiPHenbnha-c_MBMMni&index=31

(Arp Frique)

Pause. Galette-saucisse. Chouchen. Et c’est reparti. Alors que le petit matin pointe le bout de son nez, l’ambiance s’électrise. Venice Club. Disco funk ! Toujours en transe. Quand Maxime Garoute, le batteur de NTM, Gaëtan Roussel ou Breakbot s’émancipe pour créer Venice Club avec son acolyte Louis Sommer, ça dépote ! « Private party », premier titre. Nos jambes, nos pieds, on ne les contrôle plus. On bouge encore quand est entonnée une reprise de « Music Sounds Better With You ». Impeccable. Douce folie, joli live.

L’heure est venue de rejoindre Morphée, il faut bien repartir un jour. On se dit qu’on aurait aimé rester un peu plus, très loin de la morosité nationale. Départ sous un grand soleil. Si notre plus grand regret et de ne pas avoir tout vu, on réalise qu’on y était. Un « week-end d’insurrection musicale ». C’est ça, Les Trans.

 


Repères 40èmes Rencontres Trans MusicalesRenneshttp://www.lestrans.com/

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