
Boris Cyrulnik : « J’ai un problème avec les politiciens, j’ai du mal à comprendre leur langage »
Boris Cyrulnik a travaillé voilà plus de trente ans sur les communications précoces chez les enfants. Il évoque sa rencontre avec le président Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, avec lequel il a élaboré des pans importants de la réforme des maternelles. Le neuropsychiatre explique pourquoi une formation précoce au langage et à la musique sont des facteurs d’égalité des chances pour les enfants.
Verbe mesuré et phrasé bas d’un psy en consultation, il parle de ses recherches sans forfanterie, s’amuse de telle anecdote qui émaille son propos, rebondit posément, ménage un silence pour capter l’attention à la manière d’un professeur malicieux. Le voilà qui remonte dans le temps, désigne un vague point cardinal… L’île des Embiez, tout près de sa maison en bord de mer agrémenté d’un jardin de curé auquel il apporte des soins réguliers. C’est sur cette île que tout commence en 1983…
Ainsi, comme nous l’explique Boris Cyrulnik : Nous sommes un groupe de chercheurs avec Jacques Petit et Pierre Pascal qui organisons le premier colloque international sur « les communications précoces » c’est-à-dire celles des dernières semaines de la grossesse. À l’époque nous avons subi de nombreuses critiques, notamment de la part des psychanalystes estimant que cette démarche était complètement absurde car, selon nos détracteurs, les bébés ne pensent pas, leurs fonctions vitales se limitant à boire, manger et dormir. Nous étions persuadés, au contraire, qu’ils communiquaient et qu’il fallait savoir comment. Depuis ce temps là, nous n’avons cessé de travailler sur cette thématique qui, aujourd’hui est unanimement revendiquée… y compris par les psychanalystes !
Par la suite j’ai travaillé avec M. Bensoussan qui était chef de bureau de Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous nous sommes bien entendus et il …