Loto du patrimoine : une idée (déjà) vieille de 500 ans en Italie
Pour récolter des fonds destinés à assurer la préservation du patrimoine culturel et artistique français, la Française des Jeux lance deux initiatives de jeux à gratter. Un tirage exceptionnel du loto, le 14 septembre, ainsi qu’un jeu de grattage « Mission Patrimoine », décliné en trois versions.
Stéphane Bern, le célèbre animateur, est devenu le « Monsieur Patrimoine » de France. Sa mission ? Récolter des fonds dédiés à la préservation des « trésors » d’art et de culture, légués à la France par des siècles d’histoire.
Il ne faut pas croire que l’idée de financer l’entretien de ce patrimoine public soit une première dans ce processus de sauvegarde, chapeauté par le présentateur de Secret d’Histoire. En effet, déjà au seizième siècle, plusieurs villes italiennes alors érigées en communes libres, avaient déjà organisé des tirages du loto (appelé Lotto en italien) pour financer la construction d’œuvres publiques ou pour soutenir l’éducation et la culture.
Parmi les exemples les plus éclatants, figurent Gênes, Milan et Rome. A la fin du 16ème siècle, la capitale de la Ligurie récolta l’argent nécessaire à la construction de fortifications. A Milan, une partie des sommes récoltées par le jeu du loto devaient être dédiées aux écoles. De l’autre côté des Alpes, on doit remercier le loto si on peut aujourd’hui admirer la Fontaine de Trévi, car c’est grâce à ce jeu qu’elle a été construite.
En Italie, dès 1996, il a été redistribué une partie des sommes jouées par les italiens aux gestionnaires des musées ou à des monuments. Selon le MiBAC, (le Ministère italien des Biens Architecturales et Culturels), chaque trois ans, environ 500 millions d’euros sont destinés à la restauration du patrimoine artistique et culturel transalpin. Malheureusement l’initiative n’a pas empêché la dégradation d’œuvres d’une valeur inestimable, comme certaines maisons romaines à Pompéi par exemple. Mais elle reste une idée qui mérite d’être mise en pratique et, si possible, être accompagner avec des initiatives de sensibilisation auprès du grand public, afin que tous les citoyens réalisent qu’ils sont (eux aussi) propriétaires des biens artistiques et culturels appartenant à la France. Il faudrait également veiller à destiner l’intégralité ces fonds à ce programme plutôt que les voir partir dans des frais de gestion qui s’y rapportent.
En ce sens, Le Canard Enchainé du 5 septembre 2018, publie des chiffres qui invitent à la réflexion. L’hebdomadaire estime à 200 millions d’euros les recettes attendues. Toujours, selon le Canard Enchaîné, une partie de ces fonds, pour 14 millions d’euros, devrait alimenter le budget général et une somme comprise entre 15 à 20 millions devrait être reversée à la Fondation du Patrimoine. Tout ça pour ça ? Si ces calculs s’avéraient être corrects, c’est une question qui pourrait alimenter la réflexion de l’administration fiscale et du Ministère de la Culture.
Enfin, est-ce que le prix du jeu de grattage (15 Euros) exerce une réelle attractivité sur les joueurs potentiels et occasionnels ? En règle générale, les jeux de grattage s’achètent en moyenne entre 2 et 5 euros. Le tarif de ces tickets de Loto de (cette) « Mission Patrimoine » restent très prohibitifs en l’état. Cette initiative a-t-elle un intérêt et donc, de fait, un avenir ?