Anastasia, un second album après de très nombreuses collaborations sur la scène française. Quel goût a t-il ?
Il a le goût d’une pomme tombée d’un film de Tim Burton. Mon album se nomme Aqua Toffana, c’est un poison. J’ai voulu parler de mes sentiments en les installant dans un univers épais, avec des cordes, des choeurs, des grooves organiques et des textes tranchants.
De quelles influences musicales venez-vous Anastasia ?
J’ai grandi entre une ZUP et un cinéma d’art et d’essai, un papa pianiste jazz, une maman créative et un grand père peintre. On écoutait peu de chanson française à la maison, il y avait surtout du jazz, du jazz fusion, un peu de folk de soul et de la musique classique. Aujourd’hui, j’écoute beaucoup de new soul, du rap fr/us, de la folk et surtout beaucoup de tracks et d’albums que je ne cherche plus à classer.
Une passion pour les textes, pourquoi ?
Comme la musique, les mots sont des notes qui nourrissent mon esprit. Je suis sensible à la beauté et l’anomalie quand je regarde des choses, aux images constituées en mots. J’ai toujours été accompagnée par la poésie et l’art visuel, mon écriture se forme avec mes organes et ma psyché, mon langage. Le texte permet de faire vivre ma musique, qu’il soit compris ou non. La musique et le texte, c’est pareil. J’y vois un sens et des sensations.
Et la chanson française ?
Parce que je suis née en France. J’ai besoin de comprendre ce que j’écris jusqu’à au bout des mots. La poésie demande à la langue beaucoup d’attention. Je devrais vivre 10 ans à Londres pour écrire et interpréter un truc cool en anglais. Chanter en français, ça me plaît.
Votre première rencontre avec la musique et le chant remonte-t-elle à quand ?
Depuis toute petite, avec la famille et le conservatoire, les chorales et les ami(e)s. Vers 15 ans, j’ai commencé à écrire et chanter mes premiers refrains accompagnés d’accords de guitare. À l’époque, je montais à cheval et un ami cowboy m’a appris les bases de la guitare folk. J’ai adoré le timbre et l’intuitivité de la guitare, c’est un instrument de contact. Ses vibrations poussent son musicien à chanter sans qu’il s’en rende compte.
Un petit côté rap dans la diction sur vos chansons, est-ce le cas ou simplement votre façon à vous de chanter ?
J’aime le rap, pour le flow, la manière de produire la musique et l’écriture des idées en lyrics. Je suis une enfant des années 80, le hip hop était partout. Il y a bien une odeur de rap dans mes chansons mais je suis pas une MC. Mon esprit est bien trop instable et abstrait. Ma guitare me fait toujours chanter à un moment ou à un autre mais j’aime bien quand le silence dort dans ma bouche.
Quels sont les secrets d’Aqua Toffana et sa signification ?
L’eau de Toffana, l’Aqua Toffana est un poison créé par Mme Toffana au XVI ème siècle, jadis utilisé par des femmes italiennes pour punir leurs maris gênants. L’Aqua Toffana cache sous ses abords inoffensifs des propriétés toxiques et mortelles. Mon album est un peu de la même eau, il est la réalité d’un esprit féminin, versatile comme une eau vive, bienveillante et protectrice, attentionnée et amoureuse. Une femme blessée est une guerrière, une femme aimante est une guerrière. La violence féminine existe bien au delà de l’hystérie. Armée de cordes pincées ou vibrantes, de percussions retenues, j’ai tissé mon album autour de la féminité.
Quel serait votre putsch musical ?
Puccino, Oxmo Puccino !
Anastasia
Aqua Toffana
www.anastasiaofficiel.com