Anderson East : la naissance d’un grand (et jeune) artiste de la Soul
C’est avec un plaisir extrême que l’on apprend le retour d’Anderson East, jeune soulman blanc voué à un avenir très prometteur.
Après « Delilah » sorti en 2015, le jeune soulman de 29 ans s’attaque une fois de plus aux fondamentaux de cette soul music qui enchanta les trente glorieuses. Dès cet album, Anderson East a su donner à la soul blanche cette dimension qui n’a pas à rougir des grands soulmen black, les Otis Redding, Wilson Pickett et autres Sam Cook. Là il faut bien rendre hommage au talent de ce jeune homme qui reprend là l’histoire où Van Morrison, Joe Cocker et Eric Burdon l’avaient laissé dans les 60’s.
Autant dire qu’avec un grand père baptiste, un père qui chantait dans une chorale et une mère pianiste, le jeune homme a baigné dans la musique dès son plus jeune âge. Doté d’une voix qui sent le vécu, sa passion pour la soul des 60’s et des 70’s transparait sur les 11 chansons de ce tout nouveau, tout chaud « Encore ». Dès le premier titre « King For A Day » la basse ondule, les cuivres rugissent et la voix rauque trainante étire les mots comme des élastiques. Anderson touche l’auditeur en plein cœur, tel un pasteur en pleine prédication. On adhère vraiment aux refrains énergiques de «Surrender », « Girlfriend » et « When I’m In Need » dans la lignée des grands chanteurs de l’écurie Stax. Les influences se fondent harmonieusement, mixant grooves Rythm & Blues, gospel-blues, le tout rehaussé de touches flamboyantes de cuivres.
Le puissant « King for a Day », suivi du torride « Sorry You’re Sick », reprise de Ted Hawkins vous prennent par les tripes tandis que le « Somebody Pick Up My Pieces » de Willie Nelson est interprété de manière si enflammée, que l’on pourrait entendre une performance digne de Joe Cocker.
Pour faire retomber la tension, on trouve des ballades mid tempos émouvantes telles « Cabinet Door», «This Too Shall Last ». Sur le déchirant « If You Keep Leaving Me », l’ombre d’Otis Redding plane. On vous le dit, on vous le répète, cette voix envoûtante, identifiable entre mille, sonne magnifiquement comme un croisement métissé entre Otis Redding et de Joe Cocker. « Encore » confirme que l’on assiste à la naissance d’un grand artiste. Mais rappelons aussi que la concurrence est rude à commencer par ces nouveaux venus, les Nathaniel Rateliff, Lukas Nelson ou Eli « Paperboy » Reed, pour ne citer qu’eux. Monsieur Anderson East, on vous souhaite bonne chance.
Anderson East : « Encore » (Wea)