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Mona Leu Leu : « Le grenier, une histoire de transition et de famille »

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Partagez l'article !Incontournable et talentueuse artiste, Mona Leu Leu a bluffé la rédaction de PUTSCH avec son magnifique ouvrage “Le grenier” ! Un travail incroyable autour de l’encre, pierre angulaire de ce livre jeunesse qui se découvre page par page avec une lampe magique. Mona Leu Leu nous en dit plus.Pouvez-vous nous parler de vos […]

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Incontournable et talentueuse artiste, Mona Leu Leu a bluffé la rédaction de PUTSCH avec son magnifique ouvrage “Le grenier” ! Un travail incroyable autour de l’encre, pierre angulaire de ce livre jeunesse qui se découvre page par page avec une lampe magique. Mona Leu Leu nous en dit plus.

Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le graphisme?
J’ai commencé directement après mon bac dans une école type Beaux Arts, L’ESAD, l’école supérieure d’art et de design d’Orléans. J’y suis restée trois ans et j’en suis sortie avec un diplôme en design visuell.Ma pratique était donc essentiellement tourner vers le graphisme, avec tout de même un fort intérêt pour l’interaction et le livre illustré.

Qu’est-ce que vous a apporté vos études aux beaux-arts ?
Une certaine appétence pour le travail et une grande autonomie, faisant partie d’une large promotion, j’avais pris l’habitude me réfugier au calme à la bibliothèque ou chez moi pour travailler efficacement. J’ai également eu des professeurs et des interlocuteurs qui ont été décisifs dans le questionnement de ma pratique et les méthodes de travail utilisables dans l’image.

Comment avez-vous eu connaissance du travail à l’encre ?
Durant ce premier cycle, la question de l’interaction avec l’utilisateur me préoccupais beaucoup. J’étais curieuse quant à l’investissement qu’un utilisateur de livre place en lui et les mécanismes qui permettent au lecteur d’interagir avec la lecture d’une image ou d’un texte. C’est en cherchant des procédés pertinents et capable de susciter une réelle surprise que je me suis intéressée aux encres spéciales.

couverture mona leu leuQuel fut votre apprentissage dans ce domaine de l’encre ? Avez-vous travaillé sur des projets similaires avant le Grenier ?
Il y a eu en effet plusieurs livres “d’artiste” et prototypes de livre avant Le Grenier. J’ai beaucoup travaillé par moi-même autour de l’encre invisible et la narration visuelle jusqu’à mon entrée à la HEAR (ancien Arts déco de Strasbourg) qui a été décisive en terme de mise en œuvre et m’a permis d’emmener à un tout autre niveau ma recherche grâce aux moyens techniques qu’on y trouve. Là-bas, je me suis perfectionnée à la sérigraphie afin de découvrir et apprivoiser toutes ces encres dont les propriétés me fascinent avec l’idée de les utiliser autrement que ce que l’on connait déjà comme du gadget. J’ai également trouvé d’autres professeurs et professionnels passionnés et indispensables à cette recherche.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la genèse du Grenier ? Quand avez-vous commencé à travailler dessus?
La première image est arrivée l’été 2015. C’était une petite maison avec des nuances de noir et blanc, la maison que vous connaissez maintenant comme celle du grenier. Je venais de récupérer la trompette de mon arrière-grand-père, et je me posais beaucoup de questions sur la vie de cet objet, et de tous les autres ! Ceux que l’on oublie, que l’on met de côté et qui dorment dans nos placards, dans noscaves et nos greniers. Des lieux qui en soi, sont des symboles de notre inconscient et de notre passé. Des lieux édifiants, autant que ces reliques du passé. Mon diplôme à la HEAR était prévu pour juin 2016, je me suis donc employée à réunir mes pensées et mon ressenti vis-à-vis de ces objets qui sont devenus l’essence du livre. De les mettre en place afin d’écrire, illustrer et finir de concevoir ce livre où l’histoire est extrêmement liée au procédé. C’est après la conception que j’ai rencontré les éditions du Seuil jeunesse, fin 2015.

Le Grenier est un très beau projet autant qu’il est un magnifique livre objet. On imagine que le travail de création et de mise en forme du livre a du être délicat pour obtenir ce rendu. Comment avez-vous travaillé avec les éditions du Seuil Jeunesse ?
C’est un plaisir de constater que l’accueil de ce livre est bon. Il a été en effet le fruit d’un long travail de recherches personnelles puis professionnelles. Nous avons avec les éditions du Seuil œuvré pour créer un livre qui à la base avait la forme d’un livre d’artiste (la première édition restreinte du grenier a été tiré à 10 exemplaires en sérigraphie relié à la main) et le rendre accessible et manipulable par tous. La conception du livre, du système comme de l’histoire étant réalisée, le plus gros travail avec mon éditrice était en terme de fabrication, porté sur la qualité de la lumière et des encres, mais aussi du papier afin de s’assurer du meilleur rendu possible. J’ai donc été consultée tout au long de la mise en place du livre pour corriger les maquettes et conseiller sur la fabrication, comme je le fait sur mes autres commandes de conception visuelle et papier. Enfin, un livre réussi c’est aussi une longue chaîne d’interlocuteurs dans laquelle beaucoup de professionnels tels que le photograveur, le directeur artistique, l’éditeur comme le service fabrication dans le cas du grenier œuvre à la bonne mise en place de tout le travail de l’auteure en vue de la meilleure expérience de lecture possible.

Quelques mots sur la lampe qui permet d’apprécier le livre et de découvrir ses secrets ?
C’est une petite lampe à LED bleutée autrement appeler lumière noire qui permet de faire apparaître ces encres bien spécifiques. Cette lampe, c’est la clef du livre, l’élément ultime, la baguette magique.

Pourquoi avoir choisi le grenier pour ce livre ? Qu’est ce que cet endroit singulier d’une maison vous inspire ?
C’est un endroit un peu magique, je trouve, et intrigant, plein de curiosité. C’est un lieu encré dans l’imaginaire collectif pouvant y abriter des monstres, des trésors cachés. C’est surtout, un de ces endroits où le temps se fige. En tant qu’adulte, on y plonge pour trouver un objet que l’on cherche et l’on en ressort des heures après, chargé de souvenirs et souvent de nostalgie contrairement à l’enfant encore en pleine découverte pour qui le grenier reste un lieu de découverte parfois fantasmé.

Pouvez-vous nous parler de votre arrière grand père à qui vous dédiez le Grenier ?
Oui Ludovic Vaillant, il était trompettiste professionnel qui jouait pour l’orchestre national de France et Radio France avant de devenir professeur au conservatoire de Paris.
J’ai beaucoup d’admiration pour lui comme pour beaucoup de trompettistes de haut niveau car c’est un instrument extrêmement exigeant. Il m’arrive encore de découvrir au détour de quelques recherches sur le net des enregistrements de lui ou quelques écrits techniques et pédagogiques qui m’aident aujourd’hui à pratiquer. C’est ce qui me plaît dans le pouvoir de la transmission.

Le livre ne s’adresse-t-il pas autant aux parents qu’aux enfants ?
Bien sûr, c’est d’ailleurs l’ambiguïté du livre jeunesse. Cette histoire est surtout une histoire de transmission, de souvenir et de famille. On projette beaucoup sur nos lectures, et là où l’enfant va découvrir et imaginé, les parents découvrent en se remémorant. En plus d’être un objet poétique et magique pour apprivoiser le noir pour les plus petits, ce livre est aussi un clin d’œil à des générations de liseurs sous la couette.

Mona Leu Leu
Le Grenier
Editions Seuil Jeunesse

(Photos : DA)

 

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