La Belle et la Meute : un film poignant sur la violence faite aux femmes en Tunisie

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Par Romain Rougé – Présenté en avant-première dans le cadre du 39ème Cinémed de Montpellier, La Belle et la Meute parle de la violence faite aux femmes et, surtout, de cette violence pour parvenir à être reconnue comme victime.

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Nous sommes le 3 septembre 2012, en Tunisie. Une fille et un garçon s’embrassent sur une plage. Le couple finit par être arrêté par la police pour « attentat à la pudeur ». Quelques instants plus tard, la jeune fille est violée par deux des trois policiers. Une histoire qui a ému et scandalisé la Tunisie, puis le monde entier. La cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania s’est inspirée de ce fait sordide pour réaliser un film à la fois dur et fort : La Belle et la Meute.

Le film se concentre sur la nuit cauchemardesque de Mariam. Après son agression, la jeune fille de 21 ans va entamer un épuisant parcours du combattant pour faire reconnaître son statut de victime : de l’hôpital qui refuse de procéder à l’examen médical attestant le viol, à la police qui joue la guerre des nerfs pour la dissuader de porter plainte et dénoncer ses ravisseurs.

Kaouther Ben Hania ne filme pas le viol mais bien cet après, qualifié par la cinéaste « de violence plus sournoise, institutionnelle ». De fait, les lieux de l’action sont froids, lugubres. Les médecins et représentants de la loi sont sans empathie aucune.

Un combat contre la bureaucratie pour se faire reconnaître en tant que victime

L’histoire est découpée en neuf plans-séquences pour mieux se focaliser sur l’action du moment, sur la solitude de Mariam (épatante Mariam Al Ferjani). La caméra ne la quitte pas, appuyant les situations oppressantes et désespérées. On est pourtant happé par le courage de la jeune fille, par sa détermination. Elle craque parfois mais ne tombe jamais, malgré les obstacles. De jeune fille ordinaire, elle se transforme en héroïne, parce qu’elle veut être forte, parce qu’elle a des droits pour lesquels il faut (malheureusement) se battre aussi.
Car La Belle et la Meute a un lien historique : le film se déroule une année après la révolution tunisienne. Youssef, le petit ami, fera d’ailleurs ce constat amer et loin d’être anodin : « Tout le pays est une prison. »

La Belle et la Bête : un film au coeur de l’actualité tunisienne sur les violences faites aux femmes

Mais la sortie du film s’inscrit également dans le contexte politique tunisien actuel : celui d’une loi sur les violences faites aux femmes adoptée en juillet dernier et actant une vraie reconnaissance pour les victimes, ainsi qu’une condamnation de plusieurs mois de prison ferme pour un couple s’étant embrassé en pleine rue dans la banlieue de Tunis.

A l’heure où le hashtag #BalanceTonPorc fait l’actualité et relance le débat en France, La Belle et la Meute est une œuvre puissante, poignante et nécessaire qui témoigne de l’universalité de la violence faite aux femmes.

La Belle et la Meute
De Kaouther Ben Hania
Sortie nationale : le 18 octobre 2017
Durée : 1h40
Avec : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda, Anissa Daoud.

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