« Le geste de Jean Moulin ressemble à celui de Jésus, de son entrée dans la vie publique, du début de sa prédication jusqu’à son supplice, passion et crucifixion, en passant par le recrutement de disciples », nous confiait Jean-Marie Besset ( lire l’interview en intégralité ici). Mais ce que cet « évangile » raconte d’abord, c’est bien l’homme, plein de nuances et de mystères intimes, qui s’est construit à travers ses relations humaines.
On pénètre ici dans l’intimité du résistant dans laquelle se joue toute cette complexité. Jean-Marie Beset dresse le portrait d’un Jean Moulin loin d’être unidimensionnel, de sa sexualité en passant par ses convictions politiques.
On évoque par exemple son homosexualité présumée à travers sa rencontre, à Londres, avec Gorka, un jeune homme basque avec lequel il se retrouve dans le chaos Londonien. On met aussi l’accent sur sa relation ambigüe avec le Général De Gaulle, substituant la banalité du clivage gauche-droite par une soif de résistance commune aux deux hommes et par leurs convictions divergentes concernant les Alliés.
Jean Moulin le résistant et l’homme aux multiples personnalités
Outre les grandes figures de la résistance, il y a surtout la présence des personnages féminins forts, que sont son amie Antoinette Sachs et Laure, la sœur, qui jugeait son petit frère turbulent, rêveur et chétif. Loin du mythe souvent créé. Les deux femmes, avant tout, sont « là », s’avèrent être des soutiens sans faille. Leurs scènes sont à la fois attendrissantes et graves, là encore privilégiant l’intime à l’action résistante proprement dite. La relation avec Antoinette est indubitablement un des points forts de la pièce, toute aussi double et complexe que Jean Moulin l’est lui-même. Deux personnages aux destins liés dans un rôle de couple alibi (Antoinette préféra, elle, les femmes) aux convictions politiques fortes (leur opposition sur la question juive, minimisée par Jean Moulin selon Antoinette).
Jean-Marie Besset redonne vie au plus célèbre des résistants, mais, et c’est très marqué ici, dans le contexte de 2017 : le regard n’est plus le même sur les zones d’ombres ou énigmatiques, tout appelle à plus de tolérance et d’interrogations. Et ce même si le propos politique reste, lui, reste étonnement d’actualité. Quand le Général De Gaulle ironise en se comparant à « Jupiter » ou évoque les clivages gauche-droite, on se dit que la politique résiste tout autant au temps.
Ce Jean Moulin, évangile est bien sûr une œuvre intemporelle. Mais elle est incontournable grâce au focus sur l’humanité du personnage, sa nature. Un homme d’une force galvanisante et d’une fragilité secrète, aux multiples personnalités.
Jean Moulin Évangile
Thézan ( Hérault) – du 20 au 25 juillet 2017 ( relâche le 23 juillet )
Paris – du 5 octobre au 22 octobre 2017 au Théâtre 14
Fiction historique de Jean-Marie BESSET
Mise en scène de Régis DE MARTRIN-DONOS
Scénographie Alain Lagarde
Lumières Pierre Peyronnet
Costumes David Belugou
Son Emilie Tramier
Assistant mise en scène Patrice Vrain Perrault
Avec Jean-Marie Besset, Gonzague Van Bervesselès, Stéphane Dausse, Arnaud Denis, Anthony Devaux Laurent Charpentier, Odile Cohen, Michael Evans, Loulou Hanssen, Anne Elodie Sorlin, Sophie Tellier
FESTIVAL LES NUITS DEL CATET
Du 20 au 29 juillet 2017
Domaine de Ravanès, Thézan-Les-Béziers
Jacques Weber, Jean-Claude Carrière, Anthony Joseph, Cie Rasposo, François Salque &Samuel Strouk, Jean-Marie Besset et bien d’autres surprises…
Festival Les Nuits (inattendues) Del Catet
Du 20 au 29 juillet – Domaine de Ravanès, Thézan-Les-Béziers
De 22 à 12€
Retrouvez toute la programmation du festival sur www.sortieouest.fr (onglet festival) – 04.67.28.37.32
Cie In situ, associée à sortieOuest, Domaine départemental de Bayssan, 34500 Béziers
Théâtre 14 ( Paris ) – du 5 septembre au 21 octobre 2017 – 20 Avenue Marc Sangnier – 75014 PARIS – www.theatre14.fr
(Crédit Photo Ginot )
Lire aussi dans nos critiques théâtrales :
Jean-Marie Besset : Jean Moulin Évangile, une lutte déterminée contre l’oppression
Jacques Allaire : Callipolis, la jeunesse à contresens
Printemps des Comédiens : Isabelle Huppert se confronte à Sade