Mad Men : l’Amérique fantasmée des 60’s
Sept saisons étalées sur une dizaine d’année, ainsi aura duré Mad Men, critique acerbe du monde de la publicité annonçant celui des requins la finance des 80’s, avec cette galerie de personnages cyniques mais ô combien attachant. Scénario, reconstitution d’une époque, costumes, photos, musique, la série nous aura replongé dans l’Amérique fantasmée des 60’s.
Durant ces sept saisons, le réalisateur Matthew Weiner, aura su habilement nouer les destins de ces personnages : Don Draper, créatif publicitaire reconnu dans une agence de publicité de l’avenue Madison, à New York, Roger Sterling, associé de Sterling Cooper et meilleur ami de Don Draper, Peggy Olson la rédactrice pub, Joan Holloway la platureuse secrétaire en chef et Pete Campbell jeune publicitaire et ambitieux. Tout au long des 92 épisodes, ce petit monde de créatifs s’est retrouvé cloisonné dans desbureaux de gratte ciels dominant Manhattan, à inventer les futurs slogans publicitaires, à mettre des mots sur des désirs des futurs consommateurs, le tout à coup de verre d’alcool fort et de cigarettes fumées par paquets entiers. Joutes verbales au vitriol, mensonges, trahisons et lâchetés, on aura assisté à un huis clos théâtral où la cruauté humaine est mise scène comme rarement dans une série. La tristesse et les fractures que cache Don Draper, cette galerie de personnages qui gravite autour de lui dans ce contexte social agité des 60’s, tout cela montre combien ces personnages complexes et attachants étaient pris par leurs contradictions, avaient du mal à trouver leur place dans cette société américaine en pleine mutation. Malgré une certaine lenteur de l’action au cours des saisons 3 et 4, on aura adoré Mad pour le soin apporté à ces images aux contrastes profonds et à leurs couleurs chaudes, à ces décors et ces costumes flamboyants, dans cet univers où les apparences étaient la règle. Le choix du comédien Jon Hamm en sosie parfait de Cary Grant, s’intègre parfaitement dans cette amérique des 60’s. On se souviendra de la complexité de son personnage, et particulièrement d’une scène, celle où Don allongé sur un transat préfère lire l’Enfer de Dante, plutôt que de profiter de cette plage paradisiaque qui s’offre à lui. Evidement, tout au long des épisode, on aura attendu la lente chute de Don Draper, comme le suggérait le générique d’ouverture. Cette rédemption allait-elle venir de ses deux divorces, de sa relation avec sa fille ainée, de son enfance dans une maison close, de son changement d’identité pour échapper à la guerre de Corée ? Et jusqu’au bout, le suspens aura été bien gardé. Cette scène finale où Don semble avoir enfin trouvé la paix intérieure, ainsi que la sérénité dans sa crise existentielle grâce une communauté hippie en Californie est un belle trouvaille de la part des scénaristes: les valeurs d’entraide découvertes au sein de cette communauté lui auront en fait servi à élaborer une des publicités les plus célèbres pour Coca-Cola. Cynique jusqu’au bout.
Le premier volume retrace les sept saisons à travers des captures d’écran par séquence qui agrémentent les extraits des passages clés du scénario. Du moindre regard en biais à la célébration de Noël à l’agence, chaque image cadrée fascine par son art du récit visuel totalement maîtrisé et sa mise en scène des gens, des lieux et des situations jusque dans les plus petits détails.
Le second volume dévoile de nombreux aspects des coulisses à travers des photos de plateau, des documents de production, les étapes de la création des costumes, les notes des scénaristes, et contient de longues interviews réalisées en toute franchise avec le créateur de la série, Matthew Weiner, le «pool des scénaristes» (Lisa Albert, Semi Chellas, Jonathan Igla, Andre & Maria Jacquemetton, Janet Leahy, Erin Levy, Tom Smuts, Carly Wray), Scott Hornbacher (producteur exécutif et réalisateur), Phil Abraham (réalisateur et directeur de la photographie), Chris Manley (directeur de la photographie), Dan Bishop (designer et décorateur), Janie Bryant (créatrice des costumes) et Jon Hamm (acteur et réalisateur).
Des rebondissements à couper le souffle aux costumes inoubliables, des motifs et compositions du décor années 1960 à la subtilité des relations entre les personnages, découvrez les idées, les inspirations et les talents qui ont réuni vies ordinaires et grande Histoire sur le petit écran.
Matthew Weiner. Mad Men
Relié, 2 vol. sous coffret, 36 x 22,5 cm, 1048 pages
Édition Taschen
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