
Miles Hyman : l’illustrateur qui croque l’Amérique profonde
Par Nicolas Vidal – Miles Hyman a adapté la nouvelle de sa célèbre grand-mère Shirley Jackson en bande dessinée. L’illustrateur américain a accepté avec enthousiasme de répondre à nos questions. Une interview riche, passionnante qui met en exergue la réflexion, le talent et les considérations sociales de Miles Hyman qui nous parle également de l’univers de la bande dessinée aux USA et en France. Passionnant !
Une première question d’introduction : pourquoi avoir choisi de venir vivre en France ? Etait-ce une volonté personnelle ou plutôt une nécessité par rapport à votre travail de dessinateur ?
Depuis ma petite enfance je constate que la France et l’Europe m’ont toujours fasciné. Pour moi, la France était un lieu mystérieux rempli d’art, de poésie, et beauté. Par la suite, jeune adulte j’ai profité de la première occasion pour venir «enquêter» sur place moi-même: je me suis inscrit aux Beaux-arts de Paris, j’ai trouvé une place dans le Choeur de l’Orchestre de Paris le soir, et je me suis mis à explorer la ville de fond en comble, déterminé à découvrir ce que Paris pouvait m’apprendre. Aujourd’hui je vis et je travaille en France et ce lieu continue de nourrir mon imaginaire au quotidien. Et même si j’ai un regard un peu plus circonspect sur mon pays d’adoption je continue à me sentir stimulé, inspiré après toutes ces années.
Je pense que tout cela s’exprime dans mon dessin. En effet, mes premières collaborations professionnelles ont découlé, presque naturellement, de cette affinité que je ressentais dès mon arrivée ici en Europ. Hormis un séjour de huit ans à Los Angeles dans les années 1990 (au bout d’un moment j’ai eu un peu le mal de pays quand même !) j’ai toujours senti que ma vie personnelle et professionnelle était plus riche et plus stimulante ici en France que dans mon pays de naissance. Je reste très attaché aux Etats-Unis et j’y travaille souvent, mais sans parler de l’aspect familial qui représente certainement mon plus fort lien avec la France. L’évolution de mon activité artistique confirme cet attachement hexagonal.
Avec une carrière qui s’étend à l’international, je préfère nouer des collaborations américaines depuis l’Europe. Outre les questions d’affinité culturelle, il faut reconnaître que j’ai maintenant — après 30 ans d’activité — des …