Charles Jackson : le jeu dangereux de l’ivresse
Par Deborah Valentin – Grand succès aux Etats-Unis, Le Poison (The Lost Weekend) est le premier roman de l’auteur américain Charles Jackson qui paraît en France chez Julliard en 1946. Aujourd’hui le roman revient pour cette rentrée littéraire 2016 aux éditions Belfond.
Dans les quartiers de Manhattan des années 40, Don Birnam, un écrivain raté, souffre d’alcoolisme. En dépit du soutien discret, de l’impuissance et de l’aide de son frère et de la femme qui l’aime, Don Birnam s’enfonce dans l’alcoolisme. Cinq jours d’ivresse dans lesquels le personnage va chercher à étancher une soif compulsive. Il n’hésite pas à emprunter de l’argent aux commerçants du quartier, aux voisins et à mettre en gage une machine à écrire pour quelques dollars. Tout semble justifier son alcoolisme qu’il considère comme sa délivrance. Don Birnam est balloté entre l’euphorie et le cauchemar tout en niant son addiction. Entre lucidité et poésie, le roman de Charles Jackson fait preuve d’un réalisme percutant qui nous invite à découvrir les incohérences psychologiques d’un personnage anéanti par son addiction et ses repentances passagères. L’alcool apparaît alors comme la seule planche de salut qui plonge Don Birnam dans le délire, les angoisses et une honte profonde. La profondeur psychologique du roman de Charles Jackson transparaît au plus profond des codes de l’addiction tout en dressant un portrait intelligent et puissant de la dépendance. Entre exubérance et pudeur, obscurité et espoir, le roman dévoile une descente aux enfers qui, le temps d’un week end, reflète la déchéance progressive d’un alcoolique et de sa culpabilité à se détruire.
Charles Jackson
Le Poison
Editions Belfond
Traduit par Denise NAST
Paru le 01 septembre 2016
384 pages
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