Théâtre de Nîmes : les femmes mènent la danse
Par Ludivine Augé – Le théâtre de Nîmes ouvre sa nouvelle saison 2016-2017 avec des choix audacieux, de l’énergie à revendre et des femmes qui sont bien décidées à montrer leur talent.
Théâtre : entre humour, rêve et cynisme
L’humour, ce n’est pas ce qui manque à Hervé Le Tellier qui signe dans cette nouvelle saison théâtrale avec Moi et François Mitterrand, une pièce dans laquelle un inconnu, joué par Olivier Broche, construit une amitié fantasmée avec le Président, par lettres interposées. Emmanuelle Devos, quant à elle, apparaîtra dans la mise en scène de Bella Figura, réalisée par Yshimina Reza. Une fois n’est pas coutume, un peu de fantaisie Made in Japan s’installera à l’occasion de deux représentations exclusives en France de Et même si je me perds… de Shiro Maeda. Élise Vigier et Marcial di Fonzo Bo porteront quant à eux un regard plus sociétal avec leur mise en scène de Vera de Petr Zelenka, qui présente une critique du libéralisme qui régit nos sociétés.
Mais comment parler théâtre sans évoquer les classiques ? Marivaux et L’héritier de village (mise en scène de Sandrine Anglade, déjà présente à Nîmes par le passé avec Le Cid), Tchekhov et La Mouette (mise en scène de Thomas Ostermeier) ou encore la folie de Woyzeck de Georg Büchner (mise en scène de Michel Dezoteux) seront mis à l’honneur dans le programme 2016-2017 du théâtre de Nîmes.
La danse : véritable prise de pouvoir des femmes
Les femmes prennent cette année le pouvoir à travers des chorégraphies fortement ancrées dans la culture flamenco. La saison du théâtre de Nîmes va ainsi s’ouvrir sur Y OLÉ !, le nouveau spectacle de José Montalvo, déjà venu à Nîmes avec Don Quichotte du Trocadéro. Sur des rythmes de flamenco, de hip hop et de danse africaine, il nous livre cette année une chorégraphie remplie de nostalgie salvatrice, faisant remonter à la surface les souvenirs de son enfance passée dans le Sud-Ouest de la France des années cinquante.
Grâce à Nouvelle Création, réalisée par la danseuse et chorégraphe Rocío Molina, désormais connue mondialement, la richesse du flamenco originel irradie les planches du théâtre de Nîmes. Accompagnée par le guitariste Eduardo Trassierra et le chanteur, elle nous livre un spectacle unique qui passera de la solitude à la légèreté pour terminer sur une tension et une colère chaotique. SEPTeM, à travers les chorégraphies de Amine Boussa, nous livre un hip hop inédit, énergique et gracieux grâce à ses sept danseuses, symbole de la puissance au féminin, qui suivront la ligne conductrice de ce spectacle novateur : « être soi et exister différemment… ». Jesús Ortega, quant à lui, danseur et chorégraphe, s’entoure lui aussi de sept femmes dans Mehstura. Deux danseuses, deux chanteuses et trois musiciennes s’unissent ainsi pour rendre les joies et les tristesses qui font le flamenco d’Estrémadure, leur terre natale.
Une femme sort toutefois du lot : Maguy Marin et son BIT, un spectacle plus incisif et sec qui réveillera à coup sûr les instincts les plus primitifs et violents des spectateurs (spectacle déconseillés aux personnes sensibles et aux plus jeunes).
Enfin, à l’instar du théâtre, la danse rend hommage à l’un de ses classiques de la modern dance américaine, à savoir Parades & Changes, une chorégraphie née en 1965 grâce à Anna Halprin et Morton Subotnick et reprise plus de cinquante ans plus tard par Anne Collod.
En musique : place à la tradition
La saison musicale de Nîmes s’ouvrira en force avec le Nîmes Métropole Jazz Festival qui fête cette année sa 10ème édition du 23 septembre au 22 octobre. « Tous les jazz » seront mis à l’honneur : du régional à l’international, de l’ancienne à la nouvelle génération.
Au fil de cette saison 2016-2017, Nîmes ouvrira aussi ses portes à l’Espagne avec Pasionaria, en hommage à Dolorès Ibárruri, La Pasionaria qui brilla pour sa résistance pendant la Guerre d’Espagne en 1936 ; au Zimbabwe et aux musiques ancestrales du peuple Shona grâce à Tembo Ambuya et à sa maîtrise du m’bira, instrument traditionnel très peu joué par les femmes ; et à la Transylvanie via Tcha Limberger’s Kalotaszeg trio qui proposera la découverte des chants et danses de la région de Kalotaszeg.
Les plus de la programmation du Théâtre de Nimes
Nîmes n’oublie pas les enfants en leur faisant découvrir, à travers la danse et le théâtre, des mondes imaginaires aux milles et une facettes. Différentes compagnies telle que la Compagnie hop ! hop ! hop ! s’attachent ainsi à revisiter, avec une énergie nouvelle, des contes plus ou moins connus, en passant inexorablement par les grands classiques tels que Le petit chaperon rouge ou Alice au pays des merveilles.
Le cirque est aussi mis à l’honneur, accueillant à l’approche des fêtes de Noël la compagnie mondialement connu CIRCA qui proposera aux nîmois son tout nouveau spectacle : Beyond, traduisait « aller au-delà », qui guide le spectateur dans un monde entre rêve et réalité avec son concentré d’acrobaties énergiques saupoudrées d’humour et d’autodérision. De quoi faire briller les yeux des petits et des grands.
Lyrique, le théâtre de Nîmes l’est également en février 2017, optant cette année pour un choix audacieux et un brin provocateur en proposant La passion selon Sade, spectacle des années 1960 actualisé par le metteur en scène Antoine Gindt.
Infos pratiques et programme complet :
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