Boni de Castellane : portrait d’un dandy des années 1900
Par Pascal Baronheid – On peut très bien avoir fait de sa vie une trépidante volière dont le majestueux ramage émanait de la gorge profonde de ses multiples conquêtes féminines et recevoir la caution sans nuance de Famille chrétienne (dont, soit dit en passant, le site propose une chronique « Donne-moi une bonne raison de ne pas coucher avant le mariage »).
Il est vrai que Boniface de Castellane accordait aux dames l’absolution du péché de la chair, avant de leur donner la petite mort. Personnage tout d’élégance racée, d’impertinence savamment dosée, symbole d’une aristocratie fortunée, archétype du dandy 1900, monstre médiatique avant la lettre, Boni le magnifique traversa son époque en esthète raffiné que sa tante, la princesse Radziwill, considérait comme une « merveille de la création ». Les bons mots de Boni font florès, tel « mon épouse n’est belle que vue de dot ». Un Cocteau demeuré du bon côté de la ligne jaune ; aussi un « père de famille attentif ». Supérieurement documenté, son portraitiste biographe se garde de corseter son récit dans une neutralité qui aurait nui à la saveur de l’entreprise.
Boni de Castellane
Eric Mension-Rigau – Perrin Tempus – 11 €
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