Festival d’Angoulême : Jacques Renard à la rescousse de la BD
Par Romain Rougé et Jonathan Rodriguez – La tempête avant le calme ? Face aux différentes polémiques qui ont bousculées le festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) lors de l’édition 2016, la ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, a décidé de nommer Jacques Renard comme médiateur. Retour sur deux mois de polémiques et de péripéties.
Né en 1949, Jacques Renard est un haut fonctionnaire, énarque, ayant passé la majeure partie de sa carrière dans l’administration culturelle. Il a notamment été directeur adjoint du cabinet de Jack Lang, de 1988 à 1992. C’est notamment grâce au succès de plusieurs missions de médiation, qu’il s’est vu confier cette tâche, pour le moins délicate.
Avant la fin du premier semestre 2016, il a pour mission d’assurer une médiation entre les organisateurs, les pouvoirs publics, les professionnels du livre et les institutions culturelles locales, ainsi que réunir les conditions favorables au bon déroulement de l’édition 2017 et de la pérennisation du FIBD.
L’absence de femmes nommées pour le Grand Prix
L’absence de femmes dans la liste des nommés pour le Grand prix, qui regroupait 30 auteurs de bande dessinée, a été la première d’une série de remous ayant conduit à la nomination de Jacques Renard.
Face à une polémique qui a enflé sur les réseaux sociaux et face aux retraits d’une dizaine de dessinateurs influents comme Riad Sattouf et Joann Sfar, le FIBD avait fait marche arrière en introduisant de figures féminines de la BD dans la sélection. Parmi elles, Marjane Satrapi, auteure du célèbre Persepolis, Lynda Barry, Julie Doucet, Moto Hagio, Chantal Montellier ou encore Posy Simmonds. Cependant, aucune d’entre elles n’a été primée lors de cette édition.
Une fausse remise des prix qui passe mal
Lors de la remise des prix officielle, une fausse cérémonie a été animée en amont par le comédien Richard Gaitet. L’idée était d’annoncer de faux gagnants avant de se rétracter. Problème, à l’ère du numérique, tout va très vite. C’est ainsi que les réseaux sociaux se sont emballés pour féliciter des auteurs qui n’avaient, au final, rien remporté. Pour l’écrivain et scénariste Benoît Peeters, c’est simple, cette « farce » est de loin « l’idée la plus sotte de l’histoire du festival ».
Le Directeur général du festival, Franck Bondoux, avait un avis contraire concernant cette polémique : « La BD est un art qui aime se moquer du monde mais aussi de lui-même ». Il a justifié la plaisanterie en comparant le FIBD à toutes les grandes remises de prix qui font désormais appel à des humoristes pour endosser le costume de maitre de cérémonie : « Le présentateur était déguisé en Fantasio, en clown », expliquait-t-il avant d’affirmer que, pour lui, « aucune erreur n’a été commise ».
Menaces de retrait de subventions et de boycott
Du côté de la Ville d’Angoulême, dont le FIBD est la principale vitrine, le maire Xavier Bonnefont avait annoncé : « Le festival de la BD ne me convient plus. Comme il ne convient plus aux Angoumoisins. » De fait, le premier édile avait menacé récemment de revoir à la baisse les subventions annuelles (à hauteur de 3 millions d’euros) que la Ville attribue aux différentes entités culturelles, dans le cas où, selon lui, « le festival de la BD devait vaciller ».
Autres acteurs importants du FIBD, le Syndicat national de l’édition (SNE) et celui des éditeurs alternatifs (SEA), menaçaient, eux, de boycotter l’édition 2017 du festival, « si une refonte radicale n’est pas mise en oeuvre dans les meilleurs délais », annoncent-ils dans un communiqué diffusé le 23 février dernier. Ce sont les deux syndicats qui avaient revendiqués auprès du Ministère de la Culture et de la Communication la nomination d’un médiateur. C’est désormais chose faite.
Tout ce que chacun espère désormais, c’est qu’un avenir plus serein se dessine pour pour la prochain édition du FIBD, le célèbre festival international du 9ème art.
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