Dieu est mort: un manifeste scénique qui ne manque pas d’esprit

par
Partagez l'article !

Par Florence Yérémian – Régis Vlachos est partisan d’un théâtre intelligent. Après sa prestation dans le Marchand de Venise et son dialogue spirituel autour de la bombe d’Hiroshima, le voici seul sur scène pour régler ses comptes avec Dieu.

Partagez l'article !

Acerbe et ironique, il s’adresse au Créateur quel que soit son nom. Confondant les trois grandes religions monothéistes, il se moque ouvertement de leurs inepties et critique sans tendresse leurs chefs de secte: qu’il s’agisse de Jésus, Mahomet ou Moïse, il en fait des figures de pacotille et n’hésite pas à se proclamer prophète à son tour! Effaré par les six milliards de croyants qui peuplent la planète sans pouvoir vivre en paix, il interroge avec provocation son public sur les derniers actes terroristes, la tolérance humaine et la laïcité.

Sa réflexion se veut profonde mais elle s’éparpille dans des divagations trop personnelles qui transforment peu à peu sa pièce en confession. Mélangeant ses souvenirs d’enfance et ses colères d’adulte, Régis Vlachos évoque ses vacances bretonnes, critique Giscard, invite Michel Sardou à chanter et se remémore sans cesse les cendres de ses proches… Analysant ses frustrations de petit garçon ou d’adolescent, il se questionne aussi sur sa mère, ramène accessoirement sa sexualité et tente parallèlement d’exorciser ses peurs métaphysiques. Difficile de séparer le vrai du faux dans cette pièce thérapeutique où l’imaginaire de l’auteur côtoie certainement l’autobiographie. Difficile aussi de tout capter car malgré l’excellente mise en scène de Franck Gervais, Régis Vlachos s’étale et finit par se perdre dans un pamphlet grinçant où Dieu se voit personnifié en pingouin aux côtés d’un Christ aux allures de Barbie… Emporté par sa colère « post-Charlie », le comédien aurait du d’avantage se concentrer sur la question divine sans vouloir trop parler de lui ou faire rire son public à tout prix.
On lui pardonne néanmoins ce dérapage car Régis Vlachos a non seulement un superbe potentiel scénique, il a aussi le don de la narration: une heure durant il vous fera danser avec son premier amour, mimera son professeur de philosophie, mettra sa mère à mort et déclamera de surcroît quelques alexandrins. Si vous tenez jusqu’au bout de son irrévérencieux sermon, vous l’entendrez alors murmurer sa pertinente conclusion… Amen.

Dieu est mort: chronique d’un petit garçon
Texte et interprétation: Régis Vlachos
Mise en scène: Franck Gervais & Clara Ann Marchetti
Costumes: Gaël Yannic

Théâtre Les feux de la rampe
34, rue Richer – Paris 9e
Métro Cadet ou Grands Boulevards

Les mardi à 20h et les dimanches à 17h30
Réservations : 0142462619
www.theatre-lesfeuxdelarampe.com

Reprise de la pièce à partir du 7 novembre 2016 :

Au théâtre de l’Essaïon
6 rue Pierre au Lard
75004 Paris
Métro : Rambuteau- Hôtel de ville

Les lundis et mardis 21h30

Lire aussi dans Théâtre :

Le Cid : une partition cornélienne toute en facéties

Le bourgeois gentilhomme: une comédie-ballet de qualité !

Hikikomori: portrait tortueux d’un enfant en souffrance

Les créanciers : dissection scénique d’un triangle amoureux

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à