Grégoire Delacourt : l’écrivain qui construit une oeuvre
Par Laurence Biava – Grégoire Delacourt est écrivain et publicitaire. «Les quatre saisons de l’été» est son cinquième roman. C’est l’été 1999, juillet exactement, dont certains prétendent qu’il est le dernier avant la fin du monde.
Sur les longues plages du Touquet, les enfants crient parce que la mer est froide, les mères somnolent au soleil. Et partout, dans les dunes, les bars, les digues, des histoires d’amour éclosent. Enivrent. Et griffent.
Grégoire Delacourt raconte quatre couples, à l’âge des quatre saisons d’une vie, qui se rencontrent, se croisent, et qui, par de curieuses circonstances, s’influencent sans le savoir, à certains carrefours de leurs vies. Il faut du talent pour réussir une telle mosaïque, et faire s’imbriquer tous ces pans d’historie comme les morceaux d’un puzzle savant.
Surtout, et avant tout, Grégoire Delacourt, ausculte, comme chacun de ses précédents livres, et avec brio et délicatesse, le sentiment amoureux depuis son début, jusqu’à sa fin.
Chaque fois, langueur, et limpidité, le romantisme omniprésent des fleurs servent dans chacun de ces quatre récits les métaphores autour de la beauté des premières histoires d’amour, celles que l’on nomme « d’une vie » parce qu’elles s’ébauchent dès l’adolescence.
Oui, ce sont les histoires d’une vie, d’une seule vie anéanties quelquefois par la malchance, le désamour, la solitude. Merveilleusement croquées et très inspirés, toutes les scènes décrites incarnent les reliefs des déchirures, la vie de famille, les émois adolescents, le lien parent-enfant, les premières amours et leurs feux ainsi que les premières déceptions. Delacourt ne raconte pas une vie de couples mais la vie de tous les couples, la vie de tous, jusque dans les routines, les desseins, les projets, la réalité, les promesses, et les étapes.
Pourtant, chaque histoire est insolite, enfermée dans sa singularité. Jalonnée par une espérance infinie et la foi en l’existence, elle décrit avec sensibilité les sentiments et les effusions ressentis par tout un chacun. On reste hantés par cette lecture puissante, les première et dernière rencontres sont les plus réussies parce que les plus insensées et les plus authentiques. Quelque chose frappe sous le sceau de l’évidence. Un sentiment de profondeur et de belle unité se dégage alors.
Encore un très bon livre à l’écriture tout à tour imagée et ciselée. Le regard est indulgent, et le propos anguleux, bien senti. Grégoire Delacourt construit une œuvre, tant mieux. Et quelle œuvre.
Grégoire Delacourt
Les quatre saisons de l’été
Editions Lattès – 268 pages
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