Mune le gardien de la lune : une quête initiatique constellée de poésie
Par Florence Yérémian – bscnews.fr / Mune le gardien de la lune est une sorte de petit faune bleu. Espiègle et insouciant, Il fait parti du Peuple de la nuit et attend impatiemment d’assister à la grande cérémonie d’intronisation des nouveaux maîtres du Soleil et de la Lune. Par un concours de circonstances, il se retrouve nommé Gardien de l’astre lunaire qu’il perd à cause de sa maladresse.
Le Souverain des ténèbres en profite alors pour s’emparer du Soleil et tenter de briser toute l’harmonie de la planète! Bannis de sa communauté, le jeune Mune décide courageusement de se lancer dans une quête salvatrice afin d’empêcher le chaos de se répandre. Pour mener à bien cette aventure, il sera fort heureusement épaulé par deux compagnons de route : la clairvoyante Cire et le puissant Sohone.
Réalisé par Benoît Philippon et Alexandre Heboyan, ce très beau film d’animation est apte à séduire les petits autant que leurs parents. Véritable conte initiatique, il se déploie à travers un double graphisme où les séquences 3D cèdent alternativement la place à du dessin linéaire. A l’inverse des créations stéréotypées américaines de ces dernières années, Mune possède une esthétique aussi précieuse que singulière: ses images sont féeriques, ses couleurs délicates, quant aux créatures qui peuplent ce monde magique, elles débordent d’originalité et de finesse. Entre les lucioles lumineuses, les algues à hélium ou les adorables araignées fileuses de temps, on a l’impression de s’immiscer au coeur d’un bestiaire ancestral et mythologique! Cette dimension « antique » se retrouve d’ailleurs dans les figures métaphoriques des deux astres qui régissent le cycle universel de la planète: en contemplant la course du Soleil tiré par un immense volatile à pattes de girafe ou celle de la Lune entamée chaque matin par un molosse de pierre, on ne peut que se replonger dans la symbolique séculaire des légendes grecques ou égyptiennes.
Face à la véritable poésie de cette oeuvre onirique, un petit bémol s’impose cependant: pourquoi le langage des personnages est-il ponctué d’anglicismes et de tournures familières? La voix d’Izïa Higelin qui interprète la compagne de Mune (Cire) et celle d’Omar Sy qui double l’arrogant guerrier Sohone n’apporte vraiment rien à l’histoire en clamant des « Cool mec ! » ou des « Super balaise ! ». L’apprentissage des jeunes enfants ne passe pas uniquement pas le regard et l’imagination : une langue un peu plus châtiée aurait définitivement comblé le propos de cette merveilleuse quête initiatique !
Mune, le gardien de la lune
Réalisé par Benoît Philippon et Alexandre Heboyan
Avec les voix d’Omar Sy, Izïa Higelin, Michael Gregorio, Patrick Prejean, Féodor Atkine, Eric Hérson-Macarel, Michel Mella et Fabrice Josso
Musique de Bruno Coulais
Sortie nationale: le 14 octobre 2015
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