Modern Love Song est une ode magnifique à la chanson sous toutes ses formes ainsi qu’aux textes. Dida cherche avant tout à « chanter dans l’urgence de ce qu’elle ressent » et à nous faire réfléchir sur « le mélange étrange entre le passé et le futur ». Un univers qu’elle a bien voulu nous faire partager !
Suite au succès de votre premier album, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le travail effectué quant à la réalisation de ce nouvel album ? Avez-vous pensé de manière différente ou l’avez-vous affronté de la même manière que le premier ?
Ma façon de penser au sujet de ce nouvel album a été très différente de mon approche pour la réalisation du premier album. Tout d’abord, je n’avais jamais vraiment pensé à faire le premier, c’est Fabio Morgera qui a commencé à me suivre et, après quelques concerts à New York, il m’a suggéré d’enregistrer un album pour le Label ‘Red Records’. À l’époque j’étais une jeune étudiante qui débutait à New York et je n’avais jamais pensé à la création d’un album. Pour l’enregistrement, l’idée de Fabio était de capturer la façon dont je jouais et je chantais en concert. J’ai eu de la chance d’être supportée par des musiciens aussi talentueux. C’était une approche très ‘jazzy’. Nous avons enregistré l’album avec le groupe lors d’une seule journée en studio. Pour ‘Modern Love Songs’, tout s’est déroulé différemment. Après avoir joué ces chansons sur scène pendant près de deux ans à de nombreuses occasions, et après avoir enregistré quelques morceaux avec l’approche très « commerciale » d’un autre producteur, j’ai ressenti que la meilleure façon de transmettre la musique de la bonne manière était d’abord d’emmener mon groupe enregistrer en direct dans un studio, puis d’ajouter et construire tout le reste ensuite. L’idée de départ pour l’enregistrement a donc été la même pour les deux albums. Cependant, pour le deuxième album, le travail a commencé après cette session en live. Nous avons continué à travailler sur la musique pendant un an et demi. Nous avons ajouté des instruments et de la couleur, nous avons enregistré une autre chanson à New York, nous avons abandonné d’autres morceaux, etc.
Le recueil de chansons et les arrangements sont plus riches. Cet album englobe une grande partie de mes intérêts et de mes influences musicales. Affiner tout ça et en faire quelque chose a été un processus long pour essayer de créer quelque chose de nouveau à partir de choses que nous aimions dans la musique. Toutes ces décisions particulières, que nous avons dû prendre, ont rendu l’album plus personnel d’une certaine manière. J’ai travaillé en étroite collaboration avec mes associés, Tal Ronen, mon partenaire et bassiste, et Yuval Vilner, qui a co-organisé et coproduit l’album avec moi. D’une certaine manière, nous avons ressenti que nous étions entrain d’enregistrer notre premier album, et c’est ce qui a rendu le processus plus long. Lorsque vous faites quelque chose pour la première fois, prendre toutes ces petites décisions prend plus de temps, et je pense qu’avec l’expérience tout devient plus facile. J’ai vraiment apprécié l’énergie que nous avons utilisée pour faire quelque chose ensemble. Nous nous sommes dévoués corps et âme tout au long du processus, car cela a été notre monde pendant un an et demi. Je pense que ceci transparaît également dans la musique.
Pourquoi le titre de Modern Love Songs ?
Le nom de ‘Modern Love Songs’ provient de notre tentative à transmettre le paradoxe du mélange de l’ancien et du récent. ‘Love Songs’ étant une structure classique et traditionnelle, nous avons tenté de les aborder d’une nouvelle manière. Pour moi, elles sont modernes parce qu’elles décrivent mon expérience du monde tel qu’il est aujourd’hui. Je ne chante aucune chanson, qu’elle soit ancienne ou récente, de manière nostalgique. Je la chanterai uniquement si j’en ressens l’urgence, uniquement lorsque je ressens qu’à travers cette chanson, je suis en mesure d’exprimer mes sentiments et mes pensées actuels.
La chanson « I get without you very well » est tirée d’un poème de Jane Brown Thompson. Que préférez-vous au sujet de ce texte ?
J’apprécie et je m’identifie à l’honnêteté du texte. Il raconte l’histoire vulnérable d’une personne qui essaie de maintenir une apparence normale avec le visage d’une grande tristesse suite à une rupture. La fragilité de cette apparence, ainsi que les détails de ce qui déclenche les souvenir – le rire d’une personne, une légère pluie – sont représentés de manière réelle et touchante.
L’album a été enregistré entre New York et Tel Aviv. Qu’est-ce que ceci a apporté à l’album ?
Je pense qu’il traduit ma vie, qui est divisée entre New York et Tel Aviv. Dans ces deux villes, il y a des personnes avec qui j’aime travailler, et enregistrer dans ces deux endroits m’a offert l’opportunité d’avoir avec moi ces incroyables musiciens qui ont partagé leurs talents pour créer cet album. Au-delà des personnalités, la façon dont le travail est effectué à New York est extrêmement direct, il n’y a pas de temps à perdre. Donc, même si la plupart de mon inspiration pour l’album a été absorbée à New York, j’avais besoin de l’espace et de l’atmosphère détendue que Tel Aviv offre pour travailler sur l’enregistrement de mes idées.
Chaque morceau a sa propre identité et plusieurs styles musicaux sont discutés. Était-ce un choix délibéré depuis le début de la réalisation de cet album ?
Le choix délibéré était de choisir des chansons avec lesquelles je me sentais connectée indépendamment du style, puis essayer de leur apporter mon propre son. Après un certain temps, nous avons réalisé que chaque chanson nous emmenait vers un univers musical différent et au lieu de renforcer une uniformité, nous avons laissé chaque chanson obtenir naturellement ce dont elle avait besoin. Mon son et ma façon d’aborder les chansons sont ce qui les connecte, plutôt que de s’en tenir à un style en particulier.
Diriez-vous que le jazz prédomine dans cet album ?
L’album est influencé par une attitude ‘jazz’, ainsi que par des sensibilités que l’on retrouve dans la musique country, la musique folk et le Blues. Je ne dirais pas que le jazz prédomine, car ces influences sont assez équilibrées en ce qui concerne le résultat final. J’ai intentionnellement essayé d’impliquer des personnes de différents milieux dans le projet, comme le compositeur de musique classique, Eliav Kol, qui a écrit l’arrangement des cordes sur ‘Apology’, et un ingénieur du son, Yonatan Goldstein, qui produit de la musique pop et dispose d’une approche du son très contemporaine. Je pense que le résultat est un son plus riche qui va au-delà d’une étiquette de style.
Vous intégrez beaucoup d’instruments dans cet album. Comment ces contributions musicales sont-elles arrangées ?
Les arrangements des plus petits groupes – voix, guitare, clefs, basse et percussions – sont le résultat de mois à jouer ensemble. L’arrangement des cordes pour ‘Apology’ a été écrit par le compositeur moderne de musique classique, Eliav Kol, et les parties des cuivres pour ‘I Get Along Without You Very Well’ ainsi que certaines percussions et voix sur d’autres chansons ont été arrangées par Yuval Vilner.
Nous sentons que vous aimez raconter des histoires. D’où vient cette passion, Dida ?
Je suis uniquement attirée par les chansons qui ont une histoire qui résonne en moi. Lorsque je m’identifie pleinement avec l’histoire d’une chanson, je ressens que la présenter à un public peut offrir une expérience de guérison collective.
Dida, qu’est-ce que cet album signifie pour votre jeune carrière ? Est-ce qu’il inclut une certaine forme de maturité comparé au premier ?
Chaque album est très différent et représente l’aperçu d’une période de ma vie. La maturité est un processus sans fin, et tout ce que je peux espérer c’est que cet aperçu soit aussi honnête et réel qu’il peut l’être.
Si vous deviez définir ce nouvel album en deux mots ?
Premier amour …
Pourriez-vous nous dire quelque chose au sujet du morceau de Jack Nice qui semble être le plus particulier de cet album ?
‘Jack Nice’ est l’une des toutes premières chansons que Tal Ronen et moi avons écrites. Le mystère est une partie de la magie qui se trouve dans cette chanson, et je suis heureuse que des personnes l’apprécient telle qu’elle est.
Modern Love Songs
Dida
DidaMusic
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