Tarah McPherson

Tara McPherson : l’univers d’une artiste new-yorkaise aux couleurs chatoyantes

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr / Tara McPherson vit et travaille à New-York. Elle a exposé ses oeuvres dans le monde entier. Du 11 juin au 23 juillet 2015, on a pu découvrir sa nouvelle exposition « I know it by heart » à la galerie Dorothy Circus à Rome.

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L’artiste a d’ailleurs effectué une fresque murale dans le cadre de son inauguration. A défaut de vous envoler pour La cité aux sept collines cet été, nous vous offrons l’occasion de plonger dans son univers aux couleurs chatoyantes où l’astronomie, les mythes, la nature, l’amour et l’enfance s’expriment au travers de figures à l’innocence idéalisée. Vos yeux ne vous y tromperont point, son univers a un charme fou !

Vous souvenez-vous de ce qui a été l’élément déclencheur de votre carrière d’illustratrice?
J’imagine qu’elle découle de plusieurs événements, mais le fait de gérer Banzai Anime, une boutique d’anime japonais à Los Angeles, a été un déclic majeur pour moi. Nous avons vendu un grand nombre de petits bijoux d’animation et commercialisé des produits dérivés d’artistes japonais de talents : des figurines, des jouets, des affiches, des jeux vidéos et bien d’autres encore. J’ai quitté ce domaine d’activité, une montagne d’idées dans la tête. J’ai également été très inspirée des comics, plus particulièrement ceux de Vertigo (DC Comics). Je me suis rendue compte que je voulais travailler dans la même optique : concevoir d’étonnantes oeuvres artistiques et en tirer des pièces de collection que je pourrais vendre.

Quelles sont vos sources d’inspiration?
J’aime observer des oeuvres artistiques, c’est toujours très inspirant. Parmi mes périodes préférées, se trouvent la Haute Renaissance, le maniérisme, le romantisme, la peinture flamande, la Sécession viennoise, l’ukiyo-e, le surréalisme, l’âge d’or de l’illustration américaine et le pop-surréalisme. Mais la vie quotidienne, les sciences et la nature sont, pour moi, une grande source d’inspiration. J’adore, par-dessus tout, aller à la recherche de nouvelles idées dans le domaine des sciences et de la physique. Toutes ces thématiques piquent ma curiosité et je me plais à les combiner dans mes travaux.
Avec quelles matières, outils, supports travaillez-vous?
J’aime dessiner au crayon à papier et au fusain, peindre sur support papier à l’acrylique et sur bois, à la peinture à l’huile . Le support sur lequel j’aime d’autant plus travailler est la toile de lin sur panneau de bois, mais avec le temps, le lin se craquelle et ceci constitue un enjeu majeur pour moi. Si vous jetez un oeil aux peintures de l’ère pré-chrétienne faites sur des panneaux de bois, vous remarquerez qu’elles sont en excellent état. Maintenant, avancez dans le temps, et regardez les peintures lorsqu’on a commencé à peindre sur des toiles en lin : elles sont toutes couvertes de craquelures. Je veux que mes peintures durent aussi longtemps que possible, et qu’aucune craquelure ne s’y forme ; voilà pourquoi je peins sur des panneaux en bois. Lorsque je peins, je suis également soucieuse de ma santé : je porte des gants et je réduis mon utilisation des diluants au strict nécessaire, et lorsque j’y ai recours, j’emploie des produits minéraux inodores plutôt que de la térébenthine. Je ne me sers que d’huile de lin et, dans une moindre mesure, de Galkyd Lite. Je n’ai que très peu d’agents tératogènes dans mon studio. Et dans les rares cas où je dois manipuler des produits très toxiques, je mets systématiquement un masque à gaz.

Vos images ont une colorimétrie singulière…des couleurs vives, presque fluo … pourquoi?
Lorsque je faisais mes études à l’Art Center College of Design de Los Angeles, je suivais un cours magistral sur la colorisation ; j’y ai énormément appris au sujet de l’harmonisation et du mélange des couleurs et je me suis mise à utiliser une palette de couleurs restreinte. Je pense que cela m’a permis de rendre mon travail cohérent et d’apprendre à reconnaître les couleurs qui vont de pair. Par ailleurs, quand on commence à travailler sur des affiches, on travaille avec si peu de couleurs, parfois même avec trois ou quatre nuances, qu’on est forcé de les choisir judicieusement. Ma palette a évolué au cours des années, et elle est bien partie pour continuer dans cette lancée. Je m’efforce simplement de suivre mon instinct.

Il y a un petit côté extra-terrestre dans la plupart de vos toiles…est-ce volontaire?
J’ai l’impression que la plupart des personnages de mes dernières peintures viennent d’un autre monde, d’autres galaxies. Leur teint tire davantage sur le bleu et le vert, et ils ont l’air d’appartenir à une autre dimension. Je trouve cela amusant parce que je ne suis pas tenue de respecter les normes qui régissent notre monde. Je peux créer n’importe quel être et lui donner le sens que je souhaite. C’est ainsi que je parviens à bâtir mon propre univers.

Vous semblez privilégier davantage le sujet que les décors.Pourquoi?
Le portrait m’intéresse beaucoup ; c’est, selon moi, l’aspect le plus attrayant d’une personne… C’est l’art de capturer les traits d’un personnage au moment le plus opportun, de braquer l’éclairage idéal sur lui. Dernièrement, j’ai fait le choix de simplifier mes arrières-plans pour permettre au spectateur de porter son attention sur le sujet, mais je prévois de parfaire l’aspect merveilleux de plusieurs motifs et arrières-plans dans l’avenir ; comme quoi la création est toujours en mutation.

Quels adjectifs emploie-t-on le plus souvent pour qualifier votre art?
De ce que j’ai pu lire et entendre, les gens le définissent comme harmonieux, pur, oppressant, original, plein d’émotions, suggestif.

Et lequel utiliseriez- vous vous-même?
Je dirais net, harmonieux, doux, perturbant, mystérieux. A mon avis, j’essaye de trouver un équilibre entre la beauté et la gêne. Ainsi, mon travail n’est pas seulement angélique, il y a toujours une facette beaucoup plus sombre dans les scènes que je crée.

Quel est le beau compliment que vous ait fait un «lecteur»?
Certaines personnes se sont faites tatouer mes oeuvres sur la peau ; je pense qu’on ne peut pas faire mieux comme hommage personnel.

Quels sont vos grands principes directeurs en tant qu’artiste?
Toujours me donner à fond et m’épanouir. Essayer de nouvelles choses. Ne jamais me reposer sur mes lauriers. Continuer à piocher mon inspiration dans le voyage et l’exploration, et profiter pleinement de la vie.

www.taramcpherson.com

( crédit photo Jeannen Lund)

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