Portraits de résistants : la résurrection des héros

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Par Régis Sully – bscnews.fr / Dans l’histoire d’un pays, il y a des périodes plus propices que d’autres à l’émergence de personnalités qui refusent l’inéluctable, qui se dressent pour faire face à l’adversité, se hissant par là au rang de héros. Ce fut le cas à partir de juin 40 après l’écrasante défaite que subit notre pays face à l’Allemagne nazie.

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Du tréfonds de celui-ci, surgirent ceux qu’on a appelé les Résistants. C’est le portrait de dix d’entre eux que dresse Jeanne-Marie Martin dans cet opuscule. Venus d’horizons politiques différents, voire diamétralement opposés, ils firent le même choix. Charlotte Delbo-Dudach, Missak Manouchian sont issus du parti communiste, Pierre Brossolette, Jean Moulin et Jean Zay de la mouvance gauche républicaine et laïque instillée par le milieu familial. D’autres viennent de sensibilités plus monarchistes, comme Gilbert Renault ardent catholique ou Geneviève de Gaulle-Anthonioz dont le milieu familial était « monarchiste de regret et républicain de raison». Joseph Kessel état un antibolchévique notoire puisqu’il se rangea aux côtés des Russe blancs depuis la Sibérie en 1917. Mais leur engagement n’allait pas de soi il fut le fruit d’une réflexion politique entamée bien souvent avant le conflit. Ainsi Jean Zay et Pierre Brossolette furent des adeptes de la politique pacifiste d’Aristide Briand entre les deux guerres avant de rebrousser chemin et de condamner quelques années après les accords de Munich.Tous les deux membres du parti, Charlotte Delbo-Dudach et son mari se déchirèrent lors de la signature du pacte germano-soviétique d’août 1939. Ce qui les réunissait en 1940 c’était l’amour de la France dont les plus beaux exemples furent l’engagement de ces Français venus d’ailleurs Joseph Kessel et Missak Manouchian. Le premier écrivit le chant des partisans et le second dans sa dernière lettre avant d’être fusillé se définissait lui-même comme un soldat régulier de l’armée française de la Libération. L’issue de leur combat fut tragique pour certains. Personne n’ignore la fin de Jean Moulin, de Pierre Brossolette et de jean Zay. Nul n’ignore le passage douloureux de Geneviève de Gaulle- Anthonioz, de Germaine Tillion de Charlotte Delbo-Dudach et d’Edmond Michelet dans les camps de concentration. Notons simplement le surprenant itinéraire de Gilbert Renault , le colonel Rémy, qui en 1951 rejoint l’association pour défendre la mémoire du Maréchal Pétain. Ce petit livre d’une lecture agréable, passionnant de bout en bout a le grand mérite de rappeler aux lecteurs qu’au moment où les héros désertent, paraît-il, nos manuels d’histoire ils méritent de réapparaître plus vivants que jamais par l’intermédiaire de ce type d’ouvrage.

Portraits de Résistants
Jeanne-Marie Martin
Librio 3€

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