Alessia Valli : la « comparse de l’ombre »
Par Félix Brun – bscnews.fr/ Patrizio di Ponte est un écrivain et philosophe célèbre, septuagénaire hédoniste, jouisseur du présent, séducteur et charmeur, poète et photographe de circonstances. Une jeune étudiante en droit de vingt ans masque son identité : elle devient Cassandre et va engager avec Patrizio une relation qui trouve son origine dans la littérature. « Je n’aurai jamais pensé que la littérature allait m’entraîner aussi loin. »
Perturbée, névrosée peut-être, Cassandre idéalise, rêve d’une histoire d’amour qui lui donnera enfin la joie de vivre et de commencer sa vie de femme ; elle a « peur de mourir sans avoir vécu ». Elle aspire à « un rêve de tendresse parce que la vie est rude, un lit d’épines. » . Ce parfait amour, Cassandre ne peut l’envisager que dans un homme unique et plus âgé : « je considérais l’âge comme une garantie de plus grande sagesse, maturité, stabilité. » Cette liaison s’articule autour du temps : « Vivre en sachant que tout s’éteindra tôt ou tard. » A la fois fusionnelle et duelle, cette union, au mépris des conventions, s’établit sur la jouissance du présent et le « Premier jour du futur » : « On oublie souvent que chaque journée est un embranchement, même quand nous avons l’impression de n’avoir pas à choisir la direction », pense Cassandre. Tandis que pour Patrizio, « Prendre une photo, figer l’instant, le moment qui passe le présent qui fuit » , c’est « Un rappel du caractère transitoire de toute chose. » Chacun interprète le temps et ses incertitudes, « L’or du temps »…..ce qu’il en reste. Cassandre est exigeante, intransigeante, pressée et naïve tandis que Patrizio est un épicurien joueur qui mesure avec réalisme cette aventure sentimentale : « Moi je fais des lignes droites avec des courbes. »
Le texte est sensible, délicat, tendre, les mots choisis, pour cette rencontre audacieuse entre une jeune fille et ses premiers espoirs, et un vieil homme et son probable dernier amour. Alessia Valli, pour son premier roman, évite la spirale des clichés et des sentiments à « l’eau de rose ». Son livre célèbre l’écriture : « Peut-être est-ce pour cela au fond que j’écris : pour opposer les mots à la voracité du temps qui rend nos batailles et nos souffrances vaines, engloutit nos victoires, nos espoirs et nos rêves. » Un roman à découvrir!
La nostalgie du crépuscule
Auteure : Alessia Valli
Edition : Michalon
A lire aussi:
Jane Austen et Abigail Reynolds : pour les faaaaans d’Orgueil et Préjugés !
Itinéraire d’une psychanalyse sauvage : un premier roman aussi singulier que déroutant
Nicolas Barreau : les indicibles « instants de l’amour »
Lignes brisées : la « valse cruelle des amours adolescentes »
Dimitri Verhulst : un savoureux hymne aux joies de la démence
Saskia de Rothschild : un 1er roman qui révèle d’agréables dispositions au sarcasme
Hanne-Vibeke Holst : Au nord… rien de nouveau !