Jacqueline Caux : « C’est parce qu’elle était esclave qu’elle pouvait chanter devant des hommes »
Par Amélie Coispel – bscnews.fr/ Dans son Super Talk Les bad girls des musiques arabes, Jacqueline Caux souhaite montrer l’Histoire des femmes, à travers toutes les époques, du 8ème au 21ème siècle, dans l’ensemble des pays arabes. Que ce soit au Maghreb ou à Machrek, elle a été touchée par leurs histoires et souhaitent les faire partager à son public. A travers le temps, on réalise que les femmes investies dans leur art n’ont pas manqué. Elles se sont imposées et ont été reconnues par les hommes. Avant tout, la musique devient un vecteur de revendication ; pour ces femmes, comme pour Jacqueline Caux, qui désire aussi à travers ce film faire taire les préjugés et détruire les amalgames. Car dans un contexte qu’elle qualifie de phobique vis-à-vis des cultures et des religions arabes, l’intégration ne se fait pas sans douleur. Les occidentaux oublient peut-être trop souvent les à-côtés, le rôle de ces femmes, l’art arabe, et la culture arabe en général. Jacqueline Caux souhaite ici apporter des démentis, montrer que la culture arabe manque en France, et que bien trop souvent, on omet de parler de ces artistes du monde oriental. Les femmes de ce film sont des vainqueurs et nous avons beaucoup à apprendre d’elles, nous explique-t-elle. On l’écoute.
Vous avez beaucoup travaillé sur l’aspect sonore du cinéma. Vous avez notamment réalisé plusieurs « films sonores » pour France Culture. Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs de quoi il s’agit ?
Quand je parle de films sonores, je parle notamment des émissions de créations radiophoniques qui se faisaient à l’époque sur France culture. C’était uniquement radiophonique et, par conséquent, comme les émissions duraient à l’époque 1h30, ces films sonores suggéraient des images. Par exemple, j’avais fait un film qui était pour moi un hommage à John Cane, avec des sons que j’avais faits dans le désert californien, du côté de la vallée de la mort. Je commençais à enregistrer dés lors que j’arrivais à l’aéroport, puis la voiture qui s’enfonce dans le désert, quand on s’arrête dans les petits cafés où l’on entend les portières qui claquent, les bruits de tasses. Puis on s’enfonce dans le désert et on retrouve des bruits de plantes, le son que fait le sable lorsque l’on marche dessus, le vent qui, tout à coup, arrive. Pour moi, voilà ce qu’est le film sonore : quelque chose qui propose des images avec du son.
Est-ce que vous avez gardé cette sensibilité dans vos autres films ?
Pour moi, oui, la musique est un élément capital de ma vie. Je ne peux pas vivre sans musique, et cela, depuis toujours. Depuis que je suis toute petite, depuis l’âge de 12, 13 ans, ça a été quelque chose de capital et qui le reste toujours. J’ai donc toujours ce désir de faire partager ce plaisir qui m’est donné par la musique, et donc de travailler avec des musiciens, avec des …