Le carnet de notes de Georges Brassens, « Un homme libre s’il en fut »
Par Eric Yung – bscnews.fr/ On ne saurait ici énumérer – ce serait bien trop long à faire – le nombre de livres qui sont nés de l’union d’un fait réel (banal parfois) et de l’imaginaire d’un auteur. Cela est si fréquent qu’il est à croire qu’il y a un peu de mystère dans la réalisation d’un ouvrage et ce, quel que soit son thème, son sujet et son genre- Un titre peut germer de toutes choses dont les plus anodines : sentiment bref, sensation fugace, indiscrétion ou confidence etc… Et c’est ainsi que, parfois, des années plus tard, la petite chose a priori sans intérêt devient par les mots et les phrases compressés sous le plomb d’une imprimerie ou aujourd’hui éditée grâce aux lois numériques de l’informatique, un livre ! Preuve, s’il est besoin de le rappeler – que l’existence d’un livre est toujours un peu magique. Eh bien, il en est ainsi du « Journal et autres carnets inédits » de Georges Brassens paru aux éditions du Cherche Midi. Une belle aventure que celle de ce document exceptionnel épais de 300 pages qui a débuté en 1977 par une conversation entre Jean-Paul Liégeois, aujourd’hui éditeur délégué et directeur de collection, et René Fallet. Jean-Paul Liégeois était, à cette époque, sans doute bien loin d’imaginer qu’il publierait 37 ans plus tard ce « Journal de Brassens ». Un document unique en son genre resté enfoui dans les archives du poète et qui, avant d’être rendu public, a été chahuté à travers le temps dans une suite de déménagements (de la rue Fleurimont à la rue Santos Dumont en passant par les nombreux autres domiciles parisiens de Brassens). Et puis, un jour…
Une jeune fille curieuse, une enfant d’un des proches de Georges Brassens qui, par « Gibraltar » de son vrai nom Pierre Onteniente, le secrétaire fidèle du poète, a appris que l’auteur de « Toi l’auvergnat » a accumulé au fil des ans toutes sortes de textes, de manuscrits et de notes disparates ; un stock de cahiers, de carnets, de livrets éparpillé dans plusieurs pièces des habitations occupées par Brassens sa compagne Jane, par « Gibraltar » ou par des amis proches tous membres de la tribu Brassens. Seule dans l’un de ses appartements, la petite fille ouvre une valise abandonnée au fond d’une armoire : elle découvre ainsi le petit trésor littéraire qu’est ce fameux journal inédit. Alors, les histoires de livres ne sont-elles pas un peu magiques ?
Cet opuscule est, disons-le, plus proche du « carnet de notes personnel » que du « journal littéraire ». Découvrons-le ensemble. Ce « journal » (puisque l’éditeur le nomme ainsi) a été tenu, …