Nicolas d’Estiennes d’Orves : mémoires de bourreaux
Par Félix Brun – bscnews.fr/ Nicolas Serin est écrivain : il habite Paris, chez sa mère, dans la chambre qu’il occupe depuis sa naissance ; « Cette vue dévorante et organique est ma seule lucarne sur le monde vrai. Ici, je vis, je pense. Ici mes idées prennent vie avant de se muer en mots, en phrases, en chapitres. Cet endroit est devenu mon poumon. » C’est un passionné d’opéra, de littérature et….de sang : « La souffrance est mon jardin. La douleur porte mes mots. Je ne vois là ni fatalité, ni complaisance. Telle est ma juste nature : je suis chez moi dans le carnage. » Le sordide, l’immonde, l’infâme et l’ignoble sont les thèmes principaux de ses ouvrages tentés d’hémoglobine et d’assassinats ; les titres sont révélateurs : Culte du sang, Les joies du mal, L’apologie de la souffrance, La douleur nue…. » Et mes lecteurs m’ont crucifié à un genre narratif. Voilà dix ans qu’avec une régularité de métronome je bats les mêmes mayonnaises. La presse me l’a vite reproché, avant que certains lecteurs ne grimacent, déçus. Mais moi je garde le nez vissé à ma sanglante marmelade .Puisque son fumet enivre, pourquoi changer de recette ? «
Son éditrice Judith, l’invite à changer de sujets, à abandonner le sang, l’horreur, la violence, en l’incitant à se renouveler, à se démasquer, à se mettre à nue. Judith considère que « Les écrivains professionnels sont des traitres vendus au système, par avance damnés. Ils finissent en enfer, c’est-à-dire au pilon. » En manque d’inspiration, Nicolas va nous entraîner dans ses passe-temps et ses sorties à l’opéra avec Granny sa grand-mère un peu caractérielle, fille d’un haut fonctionnaire de Vichy, et qui, contrainte à l’exil, a épousé un soldat …