L’atypique hommage à la Môme Piaf des Tiger Lillies

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Sur le plateau, trois musiciens à la tenue excentrique, quelques mannequins désaxés qui prennent la pose et un piano à queue qui trône en vedette. Scie musicale, accordéon, contrebasse, percussions et une voix de haute-contre superbe racontent la sombre histoire d’Edith Gassion, fille des rues devenue icône nationale. L’enfance dans la saleté puis en maison close, la vie misérable d’artiste de rue avec son père, la mort de l’enfant de Louis Dupont son premier amour, l’assassinat de Louis Leplée qui l’avait recueillie, les cabarets et la racaille de Pigalle,  » la liste de ses boyfriends aussi longue que le nombre de bouteilles qu’elle a consommées «  , la mort dans un crash d’avion de Marcel Cerdan en1949, la santé de moineau et la consommation excessive de morphine…une vision viscéralement sombre ( et subjective ) du destin d’une femme qui, à 40 ans, ressemblait à une petite vieille.

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Visage fardé de blanc, lèvres rouge sang et yeux ceints de noir ténèbres, chapeau melon et longue tresse, Martyn Jacques nous invite à un voyage excentrique dans le Paris d’après-guerre où l’on flirte avec la noirceur d’un destin. Sous des lumières en douche, cet étrange sire – au jeu de sourcils inimitable et aux mimiques à la Jack Nicholson – et ses comparses de plateau semblent des clowns cyniques sortis tout droit d’un cabaret fantastique et inventent des mélodies surprenantes, tantôt ambrées de sonorités rock ou salsa où peut percer, à certaines portées, quelques rires sataniques, tantôt plus inspirées de rythmes pop-rock, ballades fantaisistes épatantes ( coup de cœur pour la ballade de Ptit Louis).
Sur le fond de scène, le spectateur découvre des projections en noir et blanc de séquences filmiques d’Edith Piaf où l’accent est mis sur l’émotion, jouant de gros plans qui focalisent le regard sur les gestes si incarnés de la chanteuse, aussi vulnérable que caractérielle, qui avait  » toujours peur de rester seule » , qui  » drunk so much » et ne se faisait pas prier pour  » another glass of wine »…

Si c’est un concert que les anglophones savoureront assurément davantage car ils jouiront du cynisme et de la poésie des textes, il ne doit pas rebuter ceux qui ne maîtrisent pas beaucoup la langue de Shakespeare. Martyn Jacques est en effet un PERSONNAGE à part entière, qui, tel un aède de l’Enfer, vient fredonner la complainte du Pigalle d’une Piaf qui n’est plus mais qui s’est immortalisée en étoile parisienne. Toute la folie anglaise pour rendre hommage à celle qui fait vibrer le cœur de Padam, sans un refrain de la Dame ( ou presque)? un pari étonnamment réussi que nous vous invitons vivement à découvrir!

Songs from the Gutter
The Tiger Lillies (Royaume-Uni)

Spectacle créé en septembre 2014 à la Maison de la musique de Nanterre.

Spectacle chanté en anglais

conception, mise en scène et scénographie
: Stephan Groegler
musique et paroles
: Martyn Jacques
création vidéo
: Séverine Pinkasfeld / Naia Productions
montage: 
Sandrine Cheyrol
costumière: 
Véronique Seymat
conseil artistique : 
Paul Golub
régie générale: 
Bastien Gerard
son : 
Claus Buehler

avec The Tiger Lillies
Martyn Jacques : 
voix, accordéon, piano
Adrian Stout
 : contrebasse, scie musicale, thérémine, chœur
Mike Pickering: 
percussions

Dates en France:

– Les 2 et 3 octobre 2014 à la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau

Toutes les dates à venir des Tiger Lillies ici

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