Gard : échappée belle pour des « Coups de cœur »
Par Blandine Dumazel – bscnews.fr / Au programme, la découverte du Pays d’Uzège, avec en notes gustatives, les moments privilégiés, dédiés aux vins et aux huiles d’olives du Languedoc-Roussillon.La route est belle !
Carnet de route : 1er jour, escale à St Hilaire d’Ozilhan
Au centre du Gard est l’Uzège. Le Gardon la traverse en sa partie sud. Là, s’étend un paysage de vignes, de garrigues odorantes et d’oliviers.
Situé au sud d’Uzès, est St Hilaire d’Ozilhan*. Les ruines d’un Castelas du XVe surplombent l’endroit. « Le village date d’une ordonnance de 1441 du roi Charles VII autorisant les habitants à se servir des matériaux du vieux château pour construire le « château » de plaine à l’endroit actuel », précisent les sources historiques. Le cœur du village dont l’église aux voûtes gothiques construit au XVe a été restauré avec soin.
St Hilaire d’Ozilhan ne peut se visiter sans avoir la curiosité de découvrir les huiles d’olives ! Depuis des millénaires, l’olivier, arbre mythique, donne aux peuples de Méditerranée, ses joyaux noirs et son or liquide. Quand Athena offrit un rameau d’olivier à ses gens, ils déclarèrent que c’était « Le don le plus utile à l’humanité. »
Ici, dans ce charmant village gardois, là où le Gard est encore de Languedoc, mais déjà presque de Provence (Certains posent cette question d’appartenance régionale, paraît-il ?), les oliviers aux feuillages d’argent dessinent le paysage, en miroitant avec le vent.Tandis que la journée s’achève dans le flamboiement des derniers rayons du soleil, c’est l’heure choisie de la dégustation des huiles d’olives. Peut-être, sont-elles plus lumineuses en transparence à cette heure-ci ? En région Languedoc-Roussillon, il y a la Picholine, enracinée dans le terroir gardois, utilisée pour la production d’olives vertes et donnant une huile très fruitée, amère et ardente ; la Lucques, d’une forme caractéristique en croissant de lune, excellente pour faire des olives vertes et de l’huile ; l’Olivière, au fruité intense marqué par un goût de tomate. La palette aromatique et gustative des huiles d’olive est d’une très grande richesse, influencée par le terroir, la variété des fruits, la maturité, et la méthode d’extraction. « Cette alchimie qui fait rendre leur or aux joyaux noirs », joliment dit par le poète Millevoye*, est un savoir faire ancestral. Les trois opérations de base n’ont pas changé : détriter les olives : cela consiste à briser la peau afin de libérer l’huile ; pressurer : il s’agit de presser la pâte pour extraire l’huile ; décanter : pour séparer l’huile des autres éléments (eau, margines, débris, …)
La dégustation. D’abord faire tourner l’huile doucement dans le verre, approcher son nez et fleurer ses arômes puis l’absorber bruyamment pour l’aérer, en tapisser toute sa bouche puis la recracher et se rincer la bouche avant de recommencer avec un autre échantillon.
Fruitée, amère, ardente, onctueuse, douce, et cette longueur en bouche qui se prête si bien à la cuisine, sont autant de qualitatifs à percevoir ! L’exercice s’avère complexe, pour autant enrichissant et jubilatoire. L’olivier, l’arbre des terres ensoleillées, est le symbole de sagesse et de paix, indissociable de la culture méditerranéenne. St Hilaire d’Ozilhan est à 8 km du Pont du Gard.
Carnet de route : 2ème jour, escale au Pont du Gard, le phare des garrigues
Qui a voyagé dans le sud de la France hexagonale, ne peut ignorer ce pont aqueduc édifié vers 50 après JC, sous les règnes des empereurs romains, Claude et Néron ! Il permettait l’alimentation en eau continue de l’antique « Nemausus », Nîmes d’aujourd’hui, et lui offrait tous les agréments du bien vivre !
Un ouvrage antique constitué de grandes pierres assemblées à joints vifs, c’est-à-dire sans mortier, composé de 3 rangées d’arches superposées (6 arches au premier niveau, 11 arches au second niveau et 47 arceaux à l’origine). Il est exceptionnel par ses dimensions puisque avec ses 49 mètres de hauteur, c’est le pont aqueduc romain le plus haut du monde. Il aurait mobilisé, peut-être, un millier d’hommes pendant 3 à 5 ans, disent les historiens. Classé monument historique en 1840, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis décembre 1985.
Cette prouesse architecturale, « feston blanc amusé émergeant des garrigues dans le paysage, là, depuis toujours. » se visite au XXIe siècle en échange du coût d’un ticket d’entrée sur le site. Une décision qui n’est pas au goût de la population gardoise, dépossédée de son aire naturelle de pique-nique au bord du Gardon ! Fausse note ? A chacun son opinion ! Quoique il en soit, le visiteur sera ravi de découvrir combien le site a été aménagé pour lui offrir divers angles d’approches, que l’on soit sur la rive droite ou sur la rive gauche. La majesté du Pont du Gard procure une émotion indicible.
Pour sourire… Le Pont du Gard fait partie de notre univers patrimonial populaire…à tous. Souvenez-vous … « Sur le Pont du Gard, un bal y est donné ! », chantait la comptine des enfants !
La balade jusqu’au Pont du Gard avait ce jour-là un autre objectif aussi, celui d’offrir un cadre unique au jury de femmes journalistes des « Coups de cœur ». Toutes, d’ici et de pays étrangers (Angleterre, Russie, Israël…), présentes par passion pour le concours. Certaines, spécialistes des questions viticoles, d’autres, amatrices éclairées, d’autres encore, curieuses de découvertes, ont eu le plaisir de la dégustation « à l’aveugle » des médaillés Or au Concours des Vins de la Coopération du Languedoc-Roussillon ! Au final, après l’évaluation de la robe, du nez et de la longueur en bouche, 4 vins sur l’ensemble des 49 issus des terroirs viticoles du Gard à l’Aude, ont retenu l’attention de ce jury au féminin.
Les « Coups de cœur » ( à consommer avec modération) :
La cave des Coteaux de Capimont, à Hérépian (34) a eu la surprise d’un doublé avec un Rosé, Vallée des Arômes Cabernet-Sauvignon 2012 et un Blanc, Vallée des Arômes Chardonnay, du même millésime.
La cave Fontesol à Fontes (34) a été récompensée en Rouge, Les Larmes du Volcan, AOC Languedoc 2012. En VDN, c’est le Muscat de Rivesaltes 2012, des vignobles Dom Brial à Baixas (66) qui a été choisi.
De son Gard natal, Jean Carrière* a écrit «… sa lumière torride tremble et s’écrase dans les flots de chaleur.» La journée s’achève dans le cadre magique du Pont romain, au bord du Gardon. Au bout de la route, le temps est suspendu, le bleu du ciel est là.
Si vous passez dans le Gard, faites le détour !
Références
Le village actuel de Saint Hilaire d’Ozilhan est construit dans la plaine sur le plan d’un quadrilatère toujours visible (remparts) : deux portes et une tour ronde à chaque angle, (dont une subsiste toujours). Du village, on peut voir sur la colline les ruines du château médiéval (Le Castelas) dont les matériaux ont été utilisés pour la construction de l’actuel village. L’activité économique est essentiellement liée à la production de vin des Côtes du Rhône.Charles-Hubert Millevoye, poète français (1782-1816)Jean Carrière, écrivain français originaire du Gard (1928-2005). Lauréat du Prix Goncourt pour « L’Epervier de Maheux », éd. Jean-Jacques Pauvert. 1972
(Crédit photo : Blandine Dumazel)
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