De Davodeau aux dessinateurs de Corée du Sud : Quand la BD s’en mêle!
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr / Si un festival comporte son lot d’expositions-phare, il serait dommage de passer à côté – en cet Angoulême 2014 – de quelques perles, tout aussi délicates et aux sujets brûlants, que Tardi et sa grande guerre ou l’espiègle Mafalda.
À la Maison des peuples et de la paix
, le collectif » Quand la BD s’en mêle » a donné carte blanche à Étienne Davodeau. Le scénariste et dessinateur, édité chez Futuropolis, y expose des reproductions de planches de ses derniers albums: au rez-de-chaussée, on découvre Les Ignorants ( 2011) qui est le résultat d’un an de collaboration entre l’auteur et Richard Leroy, viticulteur en Maine-et-Loire…l’escalier se consacre à Un homme est mort ( 2006) qui prend pour sujet le réalisateur René Vautier, appelé par la CGT pour tourner un film sur le mouvement des ouvriers de Brest le lendemain du drame du 17 avril 1950: lors d’une manifestation, la police, dépassée par l’ampleur d’une foule de salariés exigeant une hausse des salaires que le patronat lui refuse , avait tiré dans la foule, provoquant la mort du gréviste Édouard Mazé. Un hommage à la résistance et à la lutte des hommes devient l’injustice. Enfin, à l’étage, sont exposées des planches de Lulu Femme Nue qui a récemment fait l’objet d’une adaptation filmique avec Karine Viard mais également dans la salle du fond des pages de sa dernière parution Le chien qui louche ( octobre 2013) qui est une réflexion à hauteur d’homme sur l’art et ses mystères.
Maison des peuples et de la paix
50, rue Hergé, Angoulême.
Du Jeudi 30 janvier au dimanche 2 février 2014 de 10h à 19h
Dans les caves du théâtre d’Angoulême, nous a particulièrement séduits une exposition collective d’auteurs de Corée du Sud qui ont imaginé des planches ou des illustrations pour sensibiliser un public international sur une réalité historique tragique: les « femmes de réconfort » : des jeunes filles enlevées et employées de force comme prostituées, violées et torturées par l’armée impériale japonaise durant la Seconde Guerre mondiale.
Une exposition aussi émouvante que délicate qui rassemble des auteurs aux univers graphiques très éclectiques…ce qui apporte davantage encore de profondeur et de force à cette mémoire douloureuse. Du « Printemps d’une fille de quatorze ans » d’Oh-Se-young aux traits fins tout de noir et blanc vêtus à » Où allons-nous? » de Choi In-sun, magnifique série de dessins où les larmes peuvent devenir des bulles dans lesquelles l’on tente de se réfugier ; des cases aux fonds monochromes de Tack Young-ho dans » La bague » à « 70 ans de cauchemar » où les loups sont une terrible menace qui ne disparaît pas avec l’âge ou encore à » Train de violence » d’Ann Soo-cheol et Hang Hyo- Sook où l’aquarelle se met au service d’une représentation symbolique et poétique des souffrances ressenties par ces femmes….le lecteur ressent une colère sourde mais salvatrice contre les horreurs impardonnables de la guerre et une tendresse universelle pour ces » Fleurs qui ne se fanent pas ».
Exposition Fleurs qui ne se fanent pas
Caves du théâtre d’Angoulême
Du Jeudi 30 janvier au dimanche 2 février 2014 de 10h à 19h
Production: Gouvernement coréen, Komacon, Association coréenne pour le manhwa
Commissariat et scénographie: Shin Myeong-hwan
A lire aussi:
Gus Bofa : un brillant adieu aux armes à Angoulême
Gus Bofa : un brillant adieu aux armes à Angoulême
Mafalda : la postérité en pied de nez d’une commande publicitaire d’électroménager