House of Cards : Une formidable série sur le pouvoir

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Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Qui a dit que les livres ne donnent pas de bonnes séries télévisées ? Et qui pense au contraire qu’il existe de très bonnes séries télévisées à condition de faire un choix drastique parmi l’offre pléthorique diffusée en continu ? Pour se persuader du contraire pour les uns et continuer à s’en délecter pour les autres, House Of Cards sera la parfaite conjonction télévisuelle pour se réjouir que l’Amérique puisse nous fournir de telles propositions.

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Car House Of Cards est une fiction éblouissante et magistrale sur les coulisses de la Maison-Blanche avec un casting de haut vol. De plus, sa diffusion est une petite révolution dans le monde de la série puisqu’elle est produite par NetFix, une plate-forme de vidéos à la demande et non pas, comme c’est le cas jusqu’à aujourd’hui, par une chaîne de télévision. Tirée du roman de Michael Dobb, reprise à la suite de la série britannique du même nom ( diffusée sur la BBC en 1990), David Fincher, réalisateur notamment de Seven et de The Social Network, vient de réaliser la première saison d’un bijou qui écrase déjà tout ce qui se fait en la matière. Elle a d’ailleurs été déjà récompensée d’un Emmy Awards 2013 de la meilleure réalisation, de la meilleure cinématographie et du meilleur casting pour une série dramatique.
La trame présente toutes les caractéristiques de la fiction shakespearienne : vengeance, trahison, convoitises. Tous ces ingrédients que l’on peut retrouver à vrai dire un peu partout et qui pourraient faire surnager à la manière de flotteurs trop encombrants la série à la surface des choses au milieu des autres dans une eau tiède et stagnante. Bien au contraire, David Fincher a su marier avec brio et dextérité une intrigue formidable qui ne s’essouffle pas une seconde.
Franck Underwood (Kevin Spacey), whip du congrès démocrate convoite le poste de secrétaire après l’élection de Garret Walker ( Michael Gill ) comme nouveau président des États-Unis d’Amérique. Suite à son élection à la Maison Blanche, le Président Walker décide d’écarter Franck Underwood du poste par l’intermédiaire de Linda Vasquez (Sakina Jaffrey), sa chef de cabinet.
C’est suite à cette trahison que Franck Underwood va n’avoir de cesse que de tenter de se venger à l’aide de sa femme Claire (Robin Wright) avec qui les intérêts aussi bien professionnels et personnels sont convergents.
Toute la quintessence réside dans ce savant échafaudage humain, de relations, d’influences et de manigances. House Of Cards retranscrit à merveille la quintessence du pouvoir pour tout ce qu’il a de grisant, d’horrible et de destructeur.

Kevin Spacey est admirable dans le rôle de Franck Underwood porté par un scénario sur mesure dans laquelle son cynisme n’a d’égal que son talent. Il est à lui seul l’incarnation du pouvoir, de ses luttes et de son irrésistible attraction auprès des individus. À la fois cynique, cruel et froid, Franck Underwood oscille entre cette détermination à pousser toujours plus loin son réseau d’influences et celle d’y associer sa femme pour que leur propre couple soit un levier de pression toujours plus puissant.

Zoé Barnes (Kate Mara), jeune journaliste au Herald Tribune, candide et grande adolescente qui traîne ses guêtres dans la rédaction, commence peu à peu à vouloir s’imposer dans le paysage médiatique de Washington. Pour cela, un concours de circonstances lui permettra d’obtenir des faveurs de Franck Underwood avec de l’audace et une naïveté débordante. Ainsi, elle a accès à des informations de premier ordre avant tout le monde dont la diffusion et le battage médiatique serviront les intérêts de Franck Underwood.
Zoé Barnes est en quelque sorte le miroir de Franck Underwood, mais également l’une des clés dans cette première saison de House Of Cards tant David Fincher l’utilise afin de mettre en exergue toute l’étendue de l’influence de Franck Underwood au point de corrompre la figure juvénile de Zoe Barnes qui devient au fil des épisodes de plus en plus machiavélique.
Néanmoins, le talent de David Fincher possède cette faculté de ne pas enfermer ces personnages dans des caractères trop vite affirmés. Les fêlures et les cassures apparaissent avec parcimonie et sont suffisamment suggérées pour laisser à la série une ample respiration qui ne dévoile rien trop tôt.
On notera également les figures tourmentées que sont celles de Doug Stamper ( Michael Kelly), bras droit de Franck Underwood, du députe Peter Russo (Corey Stoll) ou encore de Rémy Danton (Mahershala Ali) qui ne cessent d’apparaître et de disparaître au fil des épisodes avec une élégance et une gravité qui apportent à la série une très belle tenue. House Of Cars est assurément une des meilleures séries de cette année 2013 et nous attendons déjà la seconde saison qui sera diffusée sur NetFix aux USA d’ici quelques semaines.

House Of Cards : l’intégrale de la saison 1
Coffret 4 DVD – 34,99 €
Coffret 4 Blu-Ray – 39,99 €

( Photo – DR)

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