Quand l’obéissance n’est plus une vertu, elle peut être un crime
Par Régis Sully – bscnews.fr/ Parcourir la vie d ’Hélie de Saint Marc au travers de cette remarquable biographie c’est parcourir une partie de l’histoire de notre pays, fertile en événements lourds de conséquences.
Une histoire à hauteur d’homme qui va de l’effondrement de juin 1940 à l’occupation nazie, de la Résistance à Diên Biên Phu, des jours sanglants de la Toussaint au putsch des généraux d’avril 1961 et à la fin de la guerre d’Algérie. Le tout en 23 ans! Hélie de Denoit de Saint Marc né dans une famille aristocratique catholique périgourdine va se retrouver balloté par le vent de la grande histoire. Dès l’âge de 19 ans, il entre dans un réseau de résistance qui le conduira à Buchenwald ,puis en tant que légionnaire,il ne cessera de défendre sa patrie et d’essayer de respecter la parole donnée au nom de la France. Dans un premier temps vis à vis d’ethnie Tho occupant un territoire à cheval sur la frontière entre la Chine et l’Indochine. En vain. «Ce sont des scènes qui resteront jamais gravées dans la mémoire … des hommes, des femmes, des enfants qui s’accrochent désespérément aux camions surchargés et qui rejetés tombent dans la poussière de la route» Dans un second temps vis à vis des populations algériennes ayant choisi la France. L’abandon de l’Algérie qui se profilait en 1961 a conduit Saint Marc a participé au putsch d’avril 1961 sous les ordres de Challe notamment. Comme d’autres il souhaitait soustraire la communauté algérienne au sous développement. Par là il se distingue d’autres militaires qui voulaient régler des comptes avec le régime. Pour Hélie de Saint Marc le terme de factieux serait mal venu. D’ailleurs quels mots choisir pour qualifier ces événements d’avril 1961: révolte selon Challe, fronde pour d’autres, pronunciamiento pour De Gaulle. En fait les conjurés voulaient peut-être refaire le coup du 13 mai.
Cette France qu’il a tant servie va, au travers de sa justice, pourtant rétive aux injonctions de l’exécutif ,le condamner malgré tout à 10 ans de prison. Il sera gracié au bout de 5 ans , mais il sera marqué à jamais par ce séjour dans les geôles de la République.Quel destin fascinant! Qui incline à penser que les années 40 ont forgé des caractères bien trempés contrairement aux périodes de paix moins propices à l’apparition de fortes personnalités. Depuis juin 1940 l’obéissance n’est plus obligatoirement une vertu, elle peut-être un crime. En somme Hélie de Saint Marc n’est pas un soldat perdu mais un soldat égaré par les méandres de la politique de décolonisation. A lire pour avoir une autre vision de cette période .
« Mais les temps ont changé et la jeunesse à d’autres passions et d’autres idoles . Et nul ne se retourne sur les Saint Marc …»
HÉLIE DE SAINT MARC
LAURENT BECCARIA
Editions Perrin – Collection TEMPUS ( 2008)
Prix : 9 €
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