Masculin / Masculin : Où est le Mal(e) ?
Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr / Mesdames (mais aussi Messieurs), réjouissez-vous ! Le musée d’Orsay a enfin eu l’idée heureuse et osée – de mettre en scène une exposition entièrement dédiée au Nu masculin ! Même si certaines œuvres frôlent parfois le blasphème ou la provocation, force est de constater que l’on ressort de ce voluptueux parcours amusé et émoustillé avec une idée concrète du Male contemporain.
I – SAINTS SENSUELS OU SENSUALITÉ SANCTIFIÉE ?
Les premières salles portent à l’interrogation: n’est-il pas étrange, voir profane, d’exhiber des Saints et des Martyrs pour mettre en avant la thématique du nu masculin ? La présence d’œuvres pieuses dans un étalage émancipé de corps nus est, en effet, difficilement compréhensible: que fait donc ce chaste « Saint Sébastien » de George de la Tour au milieu de cette meute de males sensuels et athlétiques ? Avec son corps meurtri et décrépi, ce vieillard aurait d’avantage sa place entre deux crucifixions au cœur d’une galerie vaticane dédiée à la peinture religieuse !
Il en va de même pour la figure de Jésus qui orne plusieurs panneaux: bien que le fils de Dieu soit un Homme avec un grand H, comment demander aux spectateurs de renier sa dimension christique pour se concentrer sur l’esthétique de son corps sexué? Cette introduction au nu masculin est quelque peu maladroite, malsaine même : dans un accrochage consacré à la nudité féminine, peu de commissaires auraient osé placer une toile de la Sainte Vierge à deux pas …