L’hypothèse des saisons et la part de nos vies blessées
Par Laurence Biava – bscnews.fr/ Nathalie Nohant s’est fait remarquer au printemps dernier avec « l’hypothèse des saisons » son premier roman. Un excellent opus où elle narre les limites des trois personnages, une femme et deux hommes en quête d’idéal aux alentours de leur trentaine dépassée. Ceux-ci se retrouvent régulièrement dans un banal, voire borgne, bar-restaurant des bords de la Marne, nommé L’Avventura, afin d’«exacerber l’absence» et de conjurer les désillusions de la déception amoureuse, de l’appât de la chair. L’Avventura porte bien son nom : ce sont les destins moirés et la vie fouillée, exposée, de ses personnages tourmentés placés sous une étoile noire qu’elle abrite. Deux des protagonistes viennent de connaître la crise du désamour imposé et tentent de surnager dans l’effondrement de la rupture, cette nuit subite et aspirante, un trou sans fond dans la fonte des jours.
Au fil des pages, et à la profusion de jolies scènes à la mélancolie rock bien troussée et aux tics empruntés au cinéma, – on songe à Truffaut- nous suivons ces personnages qui cherchent à se reconstruire les uns avec les autres, voire les uns par rapport aux autres… Là où les sentiments sont confus, où la tristesse règne en maître. Nathalie Nohant dépeint un tourbillon de la vie où on survit cruellement en s’accrochant à des petits rien de désespéré, à des lieux fétiches, à des expressions qui rassurent, à des airs de chansons ou à des mobiles …