Eric White

Eric White : des toiles rétro-chic aux belles américaines

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Eric White est un artiste américain qui vit et travaille aujourd’hui à New-York. Il est diplômé de l’Ecole de Design de Rhode Island. Il a exposé en solo et en groupe dans de nombreuses galeries de New-York et de Los Angeles, mais aussi en Europe à Milan, à Copenhague ou encore en Espagne. Certaines de ses oeuvres figurent dans les collections de vedettes américaines comme Leonardo DiCaprio, David Arquette , Courteney Cox, Patricia Arquette ou Viggo Mortensen. Passionné de cinéma et de voitures des années 30 à 50, ses toiles invitent à un retour dans le temps par leurs couleurs, leurs thèmes et les attitudes des sujets. Nimbées de mystère et d’élégance surannés, leurs perspectives et leurs encadrements singuliers attirent particulièrement l’oeil. Rencontre en mots et en dessins pour une rentrée rétro-chic!

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Comment est née pour vous le désir de devenir peintre?
Je dessine et je peins depuis que je suis tout petit et j’aime l’art depuis que je suis né mais je ne l’ai envisagé comme une option viable qu’à la toute fin du lycée. J’ai été encouragé par un couple de personnes-clés dans ma vie à l’époque et je me suis lancé grâce à eux. Mes parents étaient d’accord mais avaient des inquiétudes et voulaient me faire faire de l’art en tant qu’activité de loisir, mais j’avais déjà visité RISD et vu les chevalets dans les salles de classe alors il était trop tard pour que je change d’avis…

Quelles matières et supports utilisez-vous principalement?
J’utilise principalement de la peinture à l’huile sur une toile ou un panneau de bois. J’ai travaillé exclusivement à l’acrylique pendant une dizaine d’années mais je préfère maintenant travailler à l’huile. J’aime la souplesse qu’elle me donne en termes de mélange et de création de dégradés et de « soft focus » . La peinture à l’huile peut faire tout ce que l’acrylique peut faire (hormis être sèche en quelques secondes), et beaucoup plus. J’aime aussi l’idée de travailler avec une matière qui a parcouru les siècles. Je n’utilise pas beaucoup de solvants , surtout parce qu’ils me rendent malade. Ma dernière découverte excitante en termes de matériaux est la  » Spike Oil « – Je n’avais jamais entendu parler d’elle jusqu’à il y a environ deux mois, et elle a certainement eu un impact et amélioré ma démarche et mon travail en atelier. C’est de l’huile de lavande pure, et elle était apparemment utilisé par les maîtres anciens. Elle a des qualités solvantes de sorte qu’elle fonctionne comme un substitut de l’essence de térébenthine, et elle sent bon. Je la recommande vivement à tous ceux qui travaillent à l’huile.

Si vous deviez citer des peintres qui ont de près ou de loin influencé votre trait, lesquels serait-ce…et pourquoi?
Mark Tansey, Ellen Gallagher, Martin Kippenberger, Neo Rauch, Ed Ruscha, Kerry James Marshall, Glenn Brown, Peter Blake, Richard Lindner, Hans Bellmer, Salvador Dali, Jean Dubuffet, Richard Hamilton, Ed Paschke, George Grosz, Otto Dix, Christian Schad, Ingres, Peter Saul, Max Beckmann, Philip Guston and Max Ernst …pour n’en citer que quelques-uns. Je suis attiré par la peinture qui est visuellement ou conceptuellement convaincante et étrange, peu importe le style. En général, je suis plus sensible sans doute à l’art figuratif qu’à l’art abstrait.

La plupart de vos toiles semblent un hommage au cinéma. Représentez-vous parfois des scènes déjà existantes ou vous inspirez-vous simplement de « l’atmosphère » et des codes des plateaux de tournage?
Oui, j’aime vraiment le cinéma, j’adore les films, et j’ai une grande collection de livres sur le sujet. Le cinéma m’ inspire sans cesse et a une esthétique qui me convainc. Je suis assurément inspiré par l’atmosphère du cinéma mais je tire seulement quelques éléments spécifiques de scènes réelles et ils sont alors fortement manipulés et combinés pour créer de nouveaux récits.

Êtes-vous un fan des classiques des débuts du cinéma hollywoodien ? Et si oui, un film préféré à citer?
Oui, je suis un fan. Il n’est pas un film ou un genre spécifique dont je m’inspire en particulier, il s’agit plus d’une période de temps spécifique, et spécifiquement les années 30, 40 et 50… mais j’ai récemment pris de l’ampleur et ai travaillé sur d’autres périodes. Si vous posez la question en parlant particulièrement des débuts du cinéma, je n’ai pas un film spécifique à citer mais Buster Keaton est mon réalisateur et acteur préféré de cette période.

Vos personnages féminins cultivent cette beauté inaccessible et ce glamour des actrices des années 40/50….on se trompe?
La starlette d’Hollywood représente une femme idéalisée et une figure de la mère. Je suis très intéressé par l’inconscient et la façon dont fonctionne la psychologie infantile, comment les décisions prises avant l’âge de deux ans – impliquant invariablement la mère – peuvent déterminer le sens et la portée de nos vies entières. Aussi, métaphysiquement parlant, je conçois le film comme une réalité inventée que j’assimile à l’idée de notre réalité comme illusion projetée par notre conscience.

Une actrice qui incarne pour vous le summum de ce glamour que vos toiles veulent exprimer?
Hedy Lamarr. Pas seulement à cause de sa beauté saisissante ou le fait qu’elle était l’une des plus grandes stars de son époque, mais aussi parce qu’elle était brillante. Elle a co-inventé une technologie qui a contribué plus tard à l’invention de la technologie sans fil.

Ce choix d’utiliser plusieurs plans distincts, souvent séparés par une fenêtre ou un miroir…c’est aussi dans une idée de « plan cinématographique »? Comment cela se conçoit lors de la confection de la toile?
J’aime créer un espace artificiel et je m’intéresse au décalage entre l’intérieur et l’extérieur, qui fonctionne aussi métaphoriquement. Dans la série  » Infinite Interior », j’ai construit un vaste complexe d’intérieurs qui s’étendent indéfiniment et qui existent encore dans un espace que l’on pourrait qualifier de « nulle part ». Les peintures sont une exploration de ma propre angoisse et aliénation, donc tout ce que je produis est filtrée à travers cela. Parfois, j’ai une idée précise avant de commencer, d’autres fois je vais regarder à travers des références jusqu’à ce que quelque chose me frappe. J’essaie de créer un environnement crédible dans lequel un scénario intéressant peut se déployer.

De nombreuses scènes dans des voitures….parce que c’est un topos également du cinéma hollywoodien? parce que vous avez une passion pour les « belles bagnoles »?
Mes deux grands-pères travaillaient dans l’industrie automobile à Detroit à son apogée alors je pense que c’est dans mon ADN. Et je suis vraiment intéressé par l’aspect truqué inhérent qui transpire dans les scènes de voiture hollywoodiennes. Je les ai collectionnées pendant des années sans savoir ce que j’allais faire avec elles, et avant même d’avoir commencé la série Infinite Interior, dont est sortie la série avec les voitures. Dans les confins de l’intérieur de la voiture, j’utilise la répétition et la mise en miroir pour exprimer le passage du temps et pour symboliser les différents degrés d’intimité et de connexion entre les figures dans l’espace confiné de la voiture. Je m’intéresse à la répétition et à la superposition comme moyen de transmettre l’idée du passage du temps mais aussi à la compression d’une séquence d’événements en un seul instant.

Si on vous proposait de vous offrir une voiture mythique du cinéma, y-en-a-t-il une qui vous séduirait tout particulièrement?
J’aimerais être conduit dans la Ford Galaxie, dans les années 70, avec Anna Karina.

Il semble que vous aimiez surprendre…et que vous cherchiez à insérer dans beaucoup de vos toiles des détails ou des étrangetés qui obligent l’oeil à ne pas simplement embrasser en un regard le tableau. Je pense par exemple à une toile qui montre une femme qui porte une tête d’homme : comment est née l’idée de cette toile?
Le surréaliste et l’étrange ont toujours occupé une place importante dans mon travail et je suis sûr que cela va continuer. Je pense que cela découle d’un certain malaise face à la réalité et au fait d’être en phase avec la vie «normale». Dans cette peinture, le masque (la tête de l’homme) était en quelque sorte un accident – j’utilisais un tableau de référence et comptais avoir un homme qui regarde à travers une fenêtre dans une maison, mais pendant que je peignais, il m’est apparu que peut-être cet homme était déjà dans une chambre en train de regarder dans une autre pièce… et puis je me suis intéressé à l’idée d’un cou de femme qui apparaîtrait sous la moustache de l’homme, sa tête étant une sorte de masque ou un casque. Ce tableau a été le premier de cette série que j’ai fini par appeler  » Infinite Interior », et il m’a conduit à beaucoup de travaux dont je suis assez content ; j’ai fini par mettre des masques dans d’autres peintures mais cela n’a jamais marché aussi bien que dans celle-là.

Le site d’Eric White ici

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