Gallimard : Trois femmes, trois seconds romans et une idée fixe

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Par Marc-Emile Baronheid – bscnews.fr / L’automne 2013 ne verra pas une rentrée sans amour. Ce sentiment que Paul Fort appelait « le seul rêve qui ne se rêve pas » vire parfois au cauchemar. Les oreilles de Cupidon doivent siffler, lorsqu’il survole la rue Gaston-Gallimard.

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Trois femmes, trois seconds romans, une même idée fixe : il n’y a pas d’amour heureux. Maria Pourchet (née en 1980) choisit le déploiement d’une loufoquerie sardonique pour raconter Marguerite et Paul. Elle lui a préparé une surprise pour son anniversaire. Des amis dûment mis dans la confidence attendent Paul dans un hôtel. Encore faut-il l’amener à sortir de sa tanière sans éveiller ses soupçons. Or Paul n’aime pas les surprises. Mieux, il en a horreur et ne s’est pas privé de le dire depuis des années à Marguerite. Mais de là à imaginer le tour que vont prendre les événements … Les invités attendent en tuant le temps, alors qu’une autre mise à mort menace, rendue savoureuse par la dernière phrase du récit. Un roman naturaliste rappelant que le mieux est l’ennemi du bien et conseillant en filigrane de ne pas réveiller un couple qui dort.
Juliette et Olivier, deux enfants, forment-ils un couple ensommeillé ? Pas vraiment. En particulier le jour où Olivier apprend à sa moitié qu’il entretient une liaison avec Victoire, élue PS (précision voulue par Nelly Alard). La quatrième de couverture a beau vanter un « roman écrit au scalpel, sans concession mais non sans humour », on n’en trouve nulle trace dans cet accouchement par le siège, laborieux, poussif, interminable, d’un ennui proportionnel à sa longueur (375 pages). Le récit enroué égrène lamentablement sa rengaine néoféminisante. Rompra, rompra pas ? La maîtresse va-t-elle lâcher prise ? Jusqu’où Juliette est-elle capable d’aller dans la douleur et l’humiliation ? Olivier est-il médaillé d’or de l’abjection ? Rien qui vienne relancer l’intérêt pour ce scoutisme de l’utopie qui avance au pas d’Echternach. Quelle mouche a donc piqué l’éditeur ? La mouche tsétsé pardi.
Antonia Kerr (née en 1989 et qui vit à New York) est une petite-nièce littéraire de Philip Roth. Glenn, qui raconte l’histoire à la première personne. Il est un écrivain d’âge mûr qui aime Laura, un tendron. Leur relation est forte et devrait combler Glenn, s’il n’était taraudé par la conviction que la vie est trop belle pour être vraie. Surtout que Laura disparaît régulièrement sans crier gare ni dire à quoi elle occupe ses fugues. Glenn vit un enfer que les actes de foi amoureuse de Laura ne peuvent conjurer. « Elle prétendait m’aimer pour se débarrasser de la culpabilité de ne plus m’aimer/…/ Ce n’est qu’en me débarrassant d’elle que je pourrais véritablement commencer à être heureux ». Mais Laura ne commet aucune faute. Comble de la stupidité, Glenn engage un détective privé qui lui relate la parfaite innocence de Laura. 130 pages de hara-kirisation d’une belle romance prise au piège du doute et de l’angoisse ou comment devenir cocu de soi-même. Antonia Kerr franchit avec brio l’écueil du second roman, lequel, à n’en pas douter, deviendra bientôt le deuxième.

> « Le désamour », Antonia Kerr, Gallimard, 15,90 euros 


> « Rome en un jour », Maria Pourchet, Gallimard, 16,90 euros,

> « Moment d’un couple », Nelly Alard, Gallimard, 20 euros

( Crédit Photo Antonia Kerr – Jb Millot)

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