Invictus Madiba : une autobiographie sans concession de Nelson Mandela

par
Partagez l'article !

Par Sophie Sendra – bscnews.fr/ « Ces instants sont ceux qui me rappellent que, au-delà de l’histoire telle qu’elle s’est écrite, il y a un être humain qui a choisi l’espoir plutôt que la peur ». C’est avec ces mots que Barak Obama termine la préface du livre de Nelson Mandela, Conversations avec moi-même, Lettres de prison, Notes et Carnets intimes aux Éditions de la Martinière. Cet ouvrage qui compte 500 pages de documents, photos, interviews, présente une autobiographie sans concession de l’homme et de l’animal politique que fut Nelson Mandela.Il est difficile de parler au passé lorsqu’on parle d’une légende. En effet, les légendes ne sont pas censées disparaître, bien au contraire, elles sont censées rester à jamais vivantes, présentes comme si elles ne quittaient jamais ce monde. À l’heure où j’écris cet article, l’homme Nelson Mandela se trouve dans un état critique, et il ne serait pas de bon ton de laisser croire que la légende s’éteint.

Partagez l'article !

Dans les ténèbres qui m’enserrent

La stupéfaction est de croire que les légendes ne subissent pas les assauts du réel, mais il faut se rendre à l’évidence, les hommes s’éteignent. Si nous tenons tous à Nelson Mandela c’est parce qu’il représente plus que lui-même, il est à lui seul le symbole de tout un peuple, d’un combat, celui de l’oppressé contre l’oppression.Même si l’impression que cela donne est que les ténèbres « l’enserrent », il ne faut pas se tromper, les ténèbres ne sont peut-être pas celles qu’on croit. Car les « ténèbres » dont nous parlons sont peut-être celles qui viendront après la disparition de cette légende. Même si Nelson Mandela n’avait plus de rôle politique, il était tout de même le garant d’une stabilité politique en Afrique du Sud. Dans sa représentation légendaire, c’est tout un peuple qui se reconnaissait, qui reconnaissait en lui l’effort de paix et la volonté de réconciliation. L’acharnement qui est fait à vouloir le maintenir en vie est sans doute révélateur de la peur de voir les conflits resurgir au sein des communautés. On sait aussi, et sans nul doute, qu’il s’agit d’une question familiale, celui de l’héritage idéologique, politique de cette légende. Ce qui arrive fréquemment c’est le déchirement qui suit la tristesse de la disparition. Celui-ci se fait déjà sentir autour des déclarations contradictoires sur son état de santé.

Je suis debout bien que blessé
Au-delà de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela est également le symbole de toutes les luttes quelles qu’elles soient. C’est ce que l’on découvre dans l’ouvrage Conversations avec moi-même. Dans une pensée qui se trouverait à mi-chemin entre le stoïcisme d’ Epictète et la célèbre phrase de Nietzsche, « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort » tiré du Crépuscule des Idoles, nous apprenons à mieux connaître les méandres de sa vie et ce qui l’a poussé vers des chemins de résistances. Ce qui est paradoxal c’est qu’il est devenu une Idole alors qu’il ne voulait pas le devenir. Après toute idolâtrie vient le moment tant redouté de pousser les idoles vers le crépuscule. Les populations sud-africaines veulent qu’il reste debout, alors ils prient. Les blessures viendront nombreuses lorsque la relève devra se faire jour.

Je suis le maître de mon destin
Dans ses dernières volontés, une seule retient l’attention, celle pour lui de rejoindre son village, sa tribu, celle-là même qui lui a donné son nom « Madiba » (nom de son clan en référence à ses ancêtres). Revenir à ses origines ne se fera pas sans mal. Tout un peuple voudra sanctuariser les lieux, le faire devenir pèlerinage, lieu saint, le rendre Idole parmi les humains. En cherchant à gérer les tensions de tout un peuple, il devient en 1994 le premier président noir d’Afrique du Sud. Un an après avoir reçu le Prix Nobel de la Paix. Son destin n’est pas celui laissé entre les mains de forces divines, il est celui d’un homme qui créait son existence, qui faisait ses choix et qui menait son « bateau » avec intransigeance dans un souci de conciliation, en d’autres termes, prendre les hommes tels qu’ils sont avec leurs forces et leurs faiblesses. Lui disparaîtra et sa légende ne sera plus de son ressort, il ne maîtrisera pas la destinée de celle-ci.

Je suis le capitaine de mon âme
Les vers mis en exergue tout au long de ce texte ont été écrits par le poète anglais William Henley et sont tirés de Invictus écrit en 1875. Démonstration de sa résistance à la douleur d’une amputation, le poète clame sa volonté d’être invaincu par cette douleur, de ne pas succomber à la peur du sort qu’il redoute, celui de la mort. Aujourd’hui, c’est l’Afrique du Sud qui a peur d’être amputée de son capitaine. Amputée dans sa chair, elle devra affronter la douleur de la perte et savoir également résister à la gangrène qu’est la haine de l’autre. Elle devra, elle aussi, se sentir capitaine de son âme pour que celle-ci devienne à son tour « invincible et fière ».

S’il fallait conclure
Il ne faut pas oublier que les combats de Nelson Mandela ont toujours dépassé les frontières. Il était de toutes les causes qui défendent les droits, la justice, l’égalité et l’abolition des discriminations. Le Mandela Day se fête le 18 juillet de chaque année, jour de sa naissance.

> Conversations avec moi-même, Lettres de prison, Notes et Carnets intimes aux Éditions de la Martinière – 512 pages – 23,3 €

A lire aussi:

La Traversée de Malala : entre hasard et co-incidences

Le Paradigme en question

Stéphane Hessel, Hugo Chavez , un point commun : le mot Révolution

Philosophie : le bon sens et la bête féroce

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à