Pour un été insolite : des destinations « exotiques »
Par Marc Emile Baronheid – bscnews.fr/ Ne suivez pas les guides, sous peine de vous entasser là où l’on précipite les moutons de Panurge. Il existe des destinations plus exotiques. Encore faut-il s’accorder sur le sens à donner au qualificatif.
Couru mais pas si courant
Jean-Christophe Rufin, académicien de son état, a déjà vécu plusieurs vies. Il est pleinement immergé dans celle de Midas. En effet, tout manuscrit dont il accouche se transforme en or, sans qu’il doive faire le gugusse à chapeau ou le faux philosophe agressif. Il a déblayé pour vous le chemin de Compostelle, destination prisée par des milliers de curieux, faux mystiques ou vrais pèlerins. Son ascension vers la Lumière, il l’a entreprise par la face nord, voie inhabituelle et donc moins encombrée. Mêlant anecdotes et réflexions philosophiques, ce livre de bord est moins soucieux d’émules que de contagion humaniste. L’autodérision préserve de l’hallucination du veau d’or ; un roucoulement de tourterelle console de toutes les trombes d’eau. Ce Michelin du pauvre (car le dénuement est de mise) a déjà trouvé des centaines de milliers de lecteurs. Si vous êtes un drôle d’apôtre, allergique à l’élégance, au raffinement de Rufin et porté sur la paillardise, sachez qu’il existe « Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle » (éditions La Musardine),
Que la montagne est belle
La vocation des éditions Guérin, basées à Chamonix, est essentiellement montagnarde. Leur catalogue en est l’illustration parfaite. Leur franc-maçonnerie du piolet risque d’être mise à mal par tout l’or du monde de Rufin. Pas de quoi les détourner des cimes. C’est que les mordus sont plus nombreux et moins inconnus qu’on l’imagine. Fabrice Lardreau en témoigne, avec les portraits de quinze personnalités auxquelles la montagne inspire des sentiments particuliers, pour l’avoir croisée, qui en conquérant, qui en casse-cou, qui en philosophe encordé, qui en esthète. Jean-Jacques Annaud, Jean-Christophe Grangé, Emily Loizeau, Jeannie Longo,Willy Ronis, Michel Serres appartiennent à ces découvreurs d’une curieuse solitude. La leur, intime et fascinante.
Jeu dangereux
En 1901, le baleinier qui transporte une expédition scientifique scandinave vers l’est de la péninsule antarctique est broyé dans les glaces. Les savants et les marins qui le composent endureront deux hivernages successifs au milieu des tempêtes de l’hiver austral. Les rescapés sont dispersés et leur situation vire au drame. Voici, écrit par le chef de l’expédition, le récit d’une odyssée riche en épisodes divers, ayant requis de ses protagonistes force courage et parfois ce supplément d’héroïsme dont on ne se sait pas capable. « Aujourd’hui, nos mémoires ne retiennent que les meilleurs moments qui ont éclairé la rude existence que nous avons menée au milieu des paysages grandioses de l’Antarctique. La dure réalité a cédé à la féérie du rêve ». Princes de la sieste à l’ombre des cocotiers, blasés par les plages de sable fin, ceci est pour vous …
« Immortelle randonnée – Compostelle malgré moi », Jean-Christophe Ruffin, éditions Guérin, 19,50 euros
« « Cimes intérieures », Fabrice Lardreau, Guérin, 13 euros
« Vingt-deux mois dans les glaces », Otto Nordenskjöld, Paulsen, 22 euros
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