Prince Avalanche : David Gordon Green enchante avec ce road movie philosophique

par
Partagez l'article !

Par Candice Nicolas – bscnews.fr / Été 1988. Alvin (Paul Rudd) et Lance (Emile Hirsch) repeignent le marquage d’une route de campagne qui sillonne à travers une forêt déserte qui garde les séquelles d’un bel incendie. Alvin est plutôt sévère, il aime sa solitude et, malgré sa monotonie, son métier qu’il exerce avec ferveur. Pour rendre service à sa petite amie, il embarque son frère, Lance, qui s’ennuie très rapidement dans cet endroit isolé. Les deux hommes campent au bord de la route la semaine et Lance profite de son weekend pour retourner en ville, faire la fête et voir des filles.

Partagez l'article !

De son côté, Alvin reste seul dans sa petite tente et écrit des lettres romantiques à sa petite amie ou à apprend l’allemand avec des cassettes. Les deux compères, que tout oppose, vont passer un été à se partager des histoires de filles et d’amour, à se disputer, à se battre et à se réconcilier. Sur leur chemin sinueux, ils rencontrent un mystérieux chauffeur de camion, qui les approvisionne en eau-de-vie faite maison. Alvin et Lance se souviendront de leur périple unique et en retireront quelques précieuses leçons de vie.

Emile Hirsh et Paul Rudd dans une version burlesque de « Into the wild »

Remake du film islandais « Either Way » de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson, ce film dépote d’humour et de situations cocasses. David Gordon Green réalise ici une comédie laconique, penchant tantôt vers le road movie philosophique, tantôt dans le poétique visuel rappelant ses premiers films. Il réaffirme ici sa parfaite maîtrise de la fusion personnages poignants et dialogues incisifs, couronnée par l’Ours d’Argent de la meilleure mise en scène. Cinématographie superbe au beau milieu du Texas sauvage, bande originale mélancolique et étonnante par le groupe rock Explosions in the Sky, « Prince Avalanche » explore l’absurdité des relations humaines avec honnêteté et tendresse et fait mouche grâce à la performance extraordinaire de ses deux acteurs déjantés.

Emile Hirsh sourit quand on lui parle de son premier rôle phare dans « Into the Wild » (Penn, 2007). Dans ce film il lâchait tout pour trouver le bonheur dans l’isolement de la sauvage Alaska. Lance est aux antipodes de Chris Candless et Hirsh était content de ce travail rafraîchissant et de montrer une autre facette de lui-même à son public. À la ville comme à l’écran, les deux acteurs s’entendent bien et se sont presque adonné au « method acting » – très prisée par le dernier lauréat de l’Oscar d’interprétation masculine Daniel Day Lewis. Il a fallu cohabiter pendant les deux semaines de tournage et l’isolement n’était pas difficile à imaginer dans cette forêt glauque aux allures de terres martiennes. Le décor était très propice à la capture de l’inhabituel, et à la photographie de Tim Orr qui a toujours travaillé avec David Gordon Green. La fragilité de l’environnement renforce la vulnérabilité des rapports humains, et on pense alors à des films des frères Dardenne comme « Le Fils » (2001) ou de Wim Wenders tel « Au fil du temps » (1976).

« Prince Avalanche »
(R : David Gordon Green – USA)
Section : Compétition = Ours d’Argent du meilleur réalisateur
Sortie française : prochainement

> DAVID GORDON GREEN, Ours du meilleur réalisateur pour le film «Prince Avalanche» (© Ali Ghandtschi / Berlinale)

Lire aussi :

Closed Curtain : Un film réalisé dans le plus grand secret et primé

Juliette Binoche : l’authenticité juste de Camille Claudel

Night train to Lisbon : Un film qui touche aux mondes de l’Histoire

The Grandmaster : Le dernier chef d’œuvre de Wong Kar-Wai

Dark Blood : Un drame psychologique qui tient en haleine

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à