Piers Faccini : un prochain album entre chien(s) et loup(s)
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ ©AliceDison/ Né d’un père italien et d’une mère anglaise, Piers Faccini s’installe en France très jeune puis poursuit des études en Angleterre. Il fonde ensuite le groupe Charley Marlowe avec Francesca Beard jusqu’en 2001 où le groupe se sépare.
En 2008, son album Tearing Sky est produit par le producteur de Ben Harper; y apparaissent notamment le bassiste Juan Nelson et le batteur Adam Topol. En 2009, son troisième opus Two grains of sand est sélectionné pour le prix Constantin et est élu par les auditeurs de France Inter Meilleur Album de l’Année. Son univers poétique et doux et ses mélodies délicates bercent le coeur d’une langueur éthérée. Son goût pour les concerts acoustiques n’est pas pour nous déplaire ! Aussi, en préparation d’un nouvel album intitulé « Between dogs and wolves », nous avons eu la chance de lui poser quelques questions sur sa genèse , découvrant un artiste accessible et humble en dépit de son talent reconnu en France et à l’étranger.
Vous êtes auteur compositeur mais également peintre : la peinture a -t-elle précédé la musique dans votre carrière? Et comment êtes-vous passé de l’une à l’autre?
La peinture est venue en premier; j’ai commencé très jeune. Dès mes 13 ans, je voulais être peintre et dès mes 18 ans, j’ai fait une école d’art et j’ai commencé à exposer mon travail. Dès l’adolescence, j’ai également commencé à écrire des chansons. Jusqu’à mes 30 ans à peu près, je privilégiais la peinture, puis ça s’est équilibré jusqu’à un point où aujourd’hui, je fais presque plus de musique que de peinture; mais j’essaie de garder la main sur les deux.
Concevez-vous une chanson comme une toile?
Pas vraiment mais pour moi la musique est assez imagée. Par contre, je ne mélange pas la peinture et l’écriture: j’aime utiliser une discipline pour prendre une pause avec l’autre et prendre du recul aussi. J’alterne donc les deux disciplines.
Si vous deviez exprimer ce que vous apporte la musique et ce que vous apporte la peinture, comment les différencierez-vous?
Ce sont vraiment deux faces de la même chose, comme une pièce de monnaie. Il y a deux visages différents mais cela reste la même pièce. Je ne différencie pas trop en fait. Quand j’étais plus jeune, je me disais qu’il fallait choisir entre les deux et qu’il était difficile de faire deux choses; mais j’ai compris ensuite que je ne pouvais choisir. Je vois des images dans la musique et de la musique dans les images, c’est ainsi.
J’ai vu que votre album va s’appeler « Between dogs and volves »: l’expression française « entre chien et loup » se dit-elle au pluriel en anglais?
Pas du tout…d’ailleurs si elle avait existé en anglais, je ne l’aurais pas utilisée. C’est justement parce qu’elle n’existe pas que j’ai trouvé ce titre, pour qu’il soit également lisible pour les gens qui ne sont pas francophones et qui sont nombreux car eux n’auront pas la compréhension de ce jeu de mots. C’est un album qui parle d’amour , une sorte de recueil d’histoires courtes et chaque chanson raconte une histoire. On y décline les topoi de l’amour: le désir, la quête de l’autre… et j’aime bien ce titre, à la fois parce qu’il y a souvent de l’ambiguité et du paradoxe dans le relationnel et l’émotionnel donc cette notion de crépuscule dans l’expression française me convenait comme un « temps » d’amour qui va bien aux amoureux, mais aussi parce que littéralement pour les anglophones, il y a le chien, animal apprivoisé, et le loup, animal sauvage…on est donc entre un amour « apprivoisé’ et un désir plus charnel, sauvage.
Quel univers musical et quels instruments avez-vous choisi pour cet album? plutôt folk, pop..?
Je ne parle jamais de la musique ainsi en fait; cette catégorisation de la musique en styles me semble caduque. J’ai une musique très éclectique et j’ai toujours trouvé assez frustrant de définir une catégorie dans laquelle me mettre. La folk, par exemple, je vous dirais que pour moi, c’est de la musique folklorique, traditionnelle et ce n’est pas vraiment ce que je fais puisque je fais de la musique d’auteur-compositeur. Par contre, oui, je suis influencée par la musique folklorique qui n’est pas la musique commerciale. Que vous dire sur mon prochain album? c’est assez dépouillé, je suis allé à l’essentiel. Coté instruments: il y a une guitare, un piano, un harmonium, un violoncelle, quelques choeurs…et ça reste extrêmement doux du début à la fin.
Côté écriture, qui citeriez-vous comme référence?
C’est très varié; dans les compositeurs de chansons, Léonard Cohen est pour moi un grand maître . J’adore aussi un poète nommé Wu Mi mais également des poètes comme Paul Celan, Edmond Jabès, ou encore des auteurs comme le japonais Haruki Murakami…j’aime beaucoup la littérature japonaise et sa poésie ; le poète Bashō par exemple.
A Villeneuve-les-Maguelones, vous serez accompagné du musicien Simoe Prattico que l’on imagine un compagnon de scène régulier?
Je travaille avec lui souvent en duo; on se connaît très bien et on tourne ensemble depuis au moins cinq ans. C’est un ami et musicien que j’adore, nous avons une grande complicité ensemble. Nous allons présenter à Villeneuve un mélange d’anciens morceaux et de morceaux de l’album en préparation. Il n’y a pas de batterie ou de percussions dans le nouvel album donc Simone va jouer plutôt du xylophone pour ces morceaux-là. Simone a une façon de jouer de la batterie entre percussions et batterie qui s’adapte très bien à mon univers musical. Il y a un côté très acoustique dans ce que je fais et lui est dans un set-up entre batterie et percussions donc qui est en harmonie avec cet univers.
C’est un album qui réserve des surprises auditives mais également visuelles…?
Pour moi, chaque album est aussi une façon de présenter un monde visuel, qui correspond à la musique. Ce spectacle restera, je pense, très intime au niveau de la lumière et il n’y aura pas nécessairement d’aspect visuel en dehors de cette lumière.
Dates de concert:
Vendredi 19 avril 2013 à 20h30 au La Grande Ourse de Villeneuve-les-Maguelones ( 34)
Les 24, 25 et 26 mai 2013 – Bâteau-concert à Laval
Le 21 juillet 2013 au Théâtre Romain de Fourvières à Lyon
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