Oreiller de chair fraîche : le récit décalé d’un peintre décati
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Oreiller de chair fraîche est aussi attirant que déroutant : ouvrant sa fiction au milieu des building new-yorkais, elle narre sous forme d’ analepses, l’histoire d’un peintre décati – mais encore vert quand il s’agit des femmes -venu raconter sa vie sur un plateau de tournage.
Décidé dans sa jeunesse à vaincre le monde avec » une peinture couillue », après s’être heurté à l’incompréhension des provinciaux, sa déception est encore plus grande lorsqu’il tente de conquérir la capitale. Traversant l’Histoire sans y prendre vraiment part, obsessionnel de sa peinture et de son ego, amateur de femmes-objet, ce n’est qu’en traversant l’Atlantique qu’il réussira peut-être à prouver sa vraie valeur marchande. Porté par une écriture fine et enlevée, truffée de références picturales, un récit plaisant et intelligent. La patte graphique de Nicolas Sjöstedt, choisissant de n’illustrer qu’avec une palette de teintes noires et blanches, est attrayante et son trait de qualité. Oreiller de chair fraîche évoque, avec humour et subtilité, les bouleversements rapides des arts plastiques au XXème siècle : mieux qu’une encyclopédie traitant de façon exhaustive le sujet, l’auteur dépeint « le parcours exemplaire d’un artiste maudit qui parcourt le XXème siècle avec, systématiquement, un temps de retard – c’est bien là la « malédiction » dont il est le sujet « .
Titre: Oreiller de chair fraîche
Auteur: Nicolas Sjöstedt
Editions: Hélice Hélas
Disponible sur Amazon et dans les librairies spécialisées
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