Françoise Gnéri : la musique de chambre par essence

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Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / La passion de Françoise Gnéri pour la musique a fait d’elle une des musiciennes les plus talentueuses. Elle considère la musique comme sa propre essence et travaille à la diffuser auprès du plus grand nombre. Nous avons rencontré Françoise Gnéri qui décrit avec enchantement cet amour inconditionnel.

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Françoise Gnéri, vous avez un parcours musical aussi riche que singulier. De plus, vous êtes professeur d’alto au CNSM de Lyon. Quel est le lien entre votre talent de musicienne et de pédagogue ?
le lien est permanent et continu: l’un et l’autre s’enrichissent mutuellement: mon jeu s’est nourri de mon enseignement, évoluant au fil de mes découvertes pédagogiques, la connaissance instrumentale se mettant au service de l’interprétation. Et inversement, chaque expérience de la scène, permet de confirmer ou d’infirmer les intuitions que j’ai pu avoir sur le plan pédagogique Indissociables l’un de l’autre, vraiment.

Quel est le fil rouge de votre parcours depuis vos débuts ?
Le fil rouge est indiscutablement la passion pour la musique: ce n’est pas mon « métier » c’est ma vie, partie intégrante de moi. L’envie de creuser, de pousser toujours plus loin, d’appréhender cet art avec une telle maîtrise qu’elle permette sur scène un lâcher prise total et une grande liberté dans l’instant. C’est, je crois, ce qui m’a poussée en avant.
Le plaisir des rencontres également, avec des partenaires, avec un public…

Quelle est la part de passion dans celui-ci ?
Je pourrais rajouter que sans passion, il ne faut pas se projeter dans ces métiers. Un musicien sans passion est un musicien qui s’arrête, lorsque qu’il a une place qui lui permet de vivre, et dont la démarche artistique reste courte. Dans toutes les strates de ce métier, il faut de la passion et être créatif, en permanence.

Comment définiriez-vous la musique de chambre pour les profanes ? Que leur conseilleriez-vous pour les amener à découvrir cette musique ?
La musique de chambre est comme une conversation intime entre quelques personnes, conversation riche et délicate. Quelques secrets échangés, transmis au public dans un temps éphémère et précieux..
Langage universel, accessible à tous, il suffit d’être disponible et ouvert au moment voulu… se laisser aller et se laisser pénétrer par la magie des œuvres et de l’instant… J’en reviens au lâcher prise…
Écouter des disques oui, mais rien ne remplace le concert… Venir au concert sans craindre de ne pas être à la « hauteur ». Venir avec sa sensibilité et se laisser porter…

Vous êtes engagée sur de nombreux projets tout aussi singuliers les uns par rapport aux autres. D’où vous vient cet enthousiasme pour cette grande implication humaine et musicale ?
Une grande curiosité, insatiable je pense. La musique nous met à nu, les échanges sur scène sont primordiaux, la fréquentation des grandes œuvres nous permettant de grandir, de nous élever un peu au dessus de notre condition humaine, au dessus des contingences matérielles si présentes dans notre société.
Un jeune musicien se doit d’explorer tous azimuts, pour se construire. Peu à peu il découvre ses goûts ou penchants, et devient un artiste libre de ses choix…
C’est ce que j’ai toujours voulu, aller vers une certaine liberté, une quête en quelque sorte. L’instant sur scène dans la musique, est un espace de liberté privilégié.

Vous avez joué avec les plus grands sur des scènes très prestigieuses. Qu’est-ce qui est le plus exaltant pendant ces moments ?
il n’y a pas de petits concerts, la communication avec un public dans de petites salles est tout aussi enrichissante que les grandes salles.
Mais je mentirais en niant l’exaltation liée aux grandes salles et lieux prestigieux. Question d’adrénaline peut être!!!!
Quant aux très grands artistes que j’ai croisé, ce qui m’a « scotchée » avec certains, c’est l’inutilité de la parole, l’expression passant à travers leurs bras(pour les très grands chefs) ou le souffle de leur musique.

Vous avez constitué un trio en 2011 avec Marianne Piketty et Ophélie Gaillard. Comment est né ce projet ?
le trio s’est crée après une rencontre comme toujours.
Rencontre amicale et musicale avec Marianne qui nous a donné envie de construire ensemble.
Le trio à corde est une formation très exigeante, au répertoire riche et difficile pour chacun des 3 protagonistes.
Nous avons eu envie de nous y frotter avec Ophelie. 3 personnalités fortes, aux parcours éclectiques, se réunissant au services d’oeuvres magnifiques, c’était un joli challenge, qui nous a intéressée toutes les trois et que nous développons avec plaisir.

À ce sujet, vous avez joué le 18 janvier dernier à Pézenas dans le cadre magnifique du Théâtre historique. Pouvez-vous nous révéler quelques clés de ce concert ?
Ce concert s’est fait grâce à une rencontre encore une fois, avec Frédéric Gourdon.Il m’a entendue dans une académie musicale, et m’a proposé ce concert lorsqu’il a eu en charge son poste à Pezenas.
Il s’agit d’ une promenade dans le grand classicisme viennois avec 3 chefs d’oeuvres( Schubert, Beethoven, Mozart) le plus absolu étant à mon sens le trio divertimento de Mozart.
Mozart, dont le langage est universel car il nous parle de nous, de notre vie, virevoltant entre les moments les plus légers, et ceux, plus dramatiques, qui nous ramènent à notre fragilité, qui touchent du doigt la mort et le sens de la vie.
Jouer ces œuvres dans ce magnifique théâtre est un privilège.

Où pourra-t-on vous entendre dans les prochaines semaines ?
Les 3 premières suites de Jean Sébastien Bach
À Lyon les 18 et 19 février au Cnsm de Lyon
À Montmorency le 2 mars avec Claire Désert et François Castang dans un concert soutenu par la fondation Bru Zane

Le site officiel de Françoise Gnéri

( crédit photo Jean-baptiste Millot)

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