La Pléiade : Quelque chose en elle de Fitzgerald

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PAR MARC EMILE BARONHEID – bscnews.fr/ Il semble que nous n’en ayons jamais fini avec Francis Scott Key Fitzgerald, comme si la postérité lui demeurait redevable de trop de malentendus, d’une lorgnette mal ajustée, de graffitis indélébiles. Son entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade, précédant de peu une nouvelle tentative de conciliation cinématographique, vient à point nommé.

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Deux volumes de romans, nouvelles et récits rappellent d’emblée que l’œuvre de F.S.F. (1896-1940) déborde largement les considérables « Gatsby le magnifique » et « Tendre est la nuit ». Une entreprise de pareille envergure suppose une équipe soudée et repose sur la vision panoramique, à la fois lucide et passionnée, d’un maître d’œuvre. Philippe Jaworski est celui-là, qui propose par ailleurs, pour l’anniversaire de la collection Folio, une traduction inédite de Gatsby dont l’élégance et la fluidité devraient décourager durablement les bonnes volontés. Entrer en Fitzgeraldie ressortit à la gastronomie littéraire et passe par la réponse de Jaworski à « Comment devient-on Fitzgerald ? ». Est-ce à dire que tout le reste serait littérature ? Non, bien sûr. Il faut appréhender ce dont elle procède et ce qu’elle infléchit, considérer les vies de l’écrivain et de Zelda Fitzgerald, dont on sait combien elle a été intimement associée à l’œuvre de son mari, considérer l’époque et la société qui la produit. Pour cela, douze titres et un précieux appareil critique débarrassé de la pédanterie pseudo-scientifique dont la collection souffre parfois. La qualité de la préface incite aux pas en avant puis à la prise de position. Rejoindre déjà la cohorte des inconditionnels ou temporiser encore, laisser les œuvres infuser, le charme faire patiemment son office ? Pourquoi pas Gatsby pour ouvrir le ban ? Selon certaines sources, des 75.000 volumes imprimés pour sa sortie en 1925, seulement 24.000 auront été vendus à la mort de Fitzgerald. Qu’à cela ne tienne, le roman trouvera son public international et deviendra un classique plusieurs fois adapté au théâtre et au cinéma. Un barnum de circonstance annoncera la sortie en mai d’un nouveau film avec Leonardo Di Caprio et Carey Mulligan. Surtout, jouez futé ! Lisez le roman avant d’affronter son succédané. Puis passez aux « Contes de l’âge du jazz », dont « Le Chameau qui en avait plein le dos », duquel Fitzgerald disait « Il est probable que, de toutes les histoires que j’ai écrites, c’est celle qui m’a demandé le moins de travail et donné peut-être le plus de plaisir ». Pour une lecture sous influence dépaysante, choisissez d’écouter le récent et inspiré « Don’t Explain », enregistré en public par le duo Heinz Sauer – sax tenor – et Michael Wollny – piano (ACT Music.) Emporté par une crise cardiaque, Fitzgerald n’avait pas achevé « Stahr » (Le dernier Nabab) ; il figure en belle place dans le volume 2.

« Romans, nouvelles et récits », F. Scott Fitzgerald, édition publiée sous la direction de Philippe Jaworski, Gallimard « Bibliothèque de la Pléiade », 2 volumes sous emboîtage, prix de lancement 125 euros jusqu’au 31 janvier 2013

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