Cyclisme : les livres de la nostalgie
Par Pascal Baronheid – bscnews.fr/ La Petite Reine se meurt, la Petite Reine est morte… Le sport cycliste professionnel est la cible de tous les redresseurs de torts. Honni, vilipendé, cloué au pilori, brûlé par ceux qui l’adoraient sans modération, il met le nez dans le guidon, attendant des jours meilleurs. Avant que le Phénix renaisse, relisons la saga de ceux qui ont fait sa gloire. Car la nostalgie est toujours ce qu’elle était.
Le héraut – Sous la plume d’Albert Londres, « forçat » était un hommage et non une variante de gibier de potence américain. Avant Blondin et d’une écriture plus solennelle, il a chanté, pour les lecteurs du Petit Parisien la geste des coureurs du Tour de France 1924. Admiration et respect – ses repères – sont les mamelles du style enlevé. « Nantes. Foule. Pont écroulé. Alors ils passent la Loire sur un pont de bateaux qui se soulève et s’affaisse comme une poitrine qui soupire. Alavoine est en tête de cette course à pied, il boit un coup, bouteille à la bouche, et on le dirait sonnant du clairon pour entraîner le régiment ». C’est tout de même autre chose que les actuels comptes rendus aseptisés.
Le chantre – Christian Laborde est écrivain et amoureux de la Grande Boucle. Il a l’enthousiasme communicatif, le verbe enflammé, la préférence dantesque, la nostalgie viscérale. Dans un album richement illustré, il fait revivre en quinze chapitres « la plus grande course du monde » depuis ses débuts. Drames (les destins de Roger Rivière et Tom Simpson), magie (les escalades de Federico Bahamontes), côtés insolites (Alphonse Boudard et Jo Attia dans leur cellule à Fresnes, hélant les matons pour connaître le résultat de l’étape), pipeuleries avant la lettre (Jean Robic et Ray Sugar Robinson côte à côte), histoires belges (la stupide « tentative artisanale de tricherie » de Michel Pollentier), l’époque où l’on s’épuisait pour gagner une paire de chaussures … Puis cet hommage à un « Putain de mec hors normes » qui porte le nom d’un astronaute et d’un trompettiste de jazz. Certes, Laborde n’est pas le seul cocu. Mince consolation.
Le passionné – La Wallonie a donné de beaux champions au sport cycliste. Dernier en date : Philippe Gilbert. Firmin Lambot a inauguré le palmarès wallon du Tour de France, avec ses victoires en 1919 et 1922. Un album dû à des inconditionnels du vélo propose une promenade au fil du temps, inestimable par ses archives photographiques, issues pour la plupart de collections privées et donc inédites. Son découpage est original, qui évoque notamment l’affichage, les opérations d’avant course, les ravitaillements, l’escorte, le public, les podiums, les vélodromes, les côtés insolites, les drôles de machines du grand bi à la quintuplette, les bibelots et autres objets dédiés au cyclisme. Si pas amoureux s’abstenir.
« Les forçats de la route », Albert Londres, Arléa, 5,5 eur
« Tour de France nostalgie », Christian Laborde, Hors Collection, 24,90 eur
« La Petite Reine en Wallonie », La Mémoire du Cyclisme asbl, 30 eur
contacts : m.noel@live.be
À lire aussi :
Beaux-livres : ceux qui incitent à pousser la porte des musées
Auto-édition : une belle encyclopédie d’instruments de musique-oiseaux
Bijoux d’artistes : comme un musée de l’intime et du chéquier à plusieurs zéros