Face aux sujets délicats, la mesure est de rigueur
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Parler d’avortement est louable. Rappeler l’importance de ce droit défendu par Simone Veil n’est pas sans fondement dans une société en proie à la montée d’extrémismes divers et à une radicalisation du religieux.
Avorter est un droit et permet aux femmes qui ne sont pas prêtes, ont été violées ou ne veulent tout simplement pas d’enfant de ne pas mettre au monde un être qui ne trouverait pas sa place et serait malheureux. Soit. Cependant, lorsqu’on lit le deuxième tome de « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets? », on ressent très vite un malaise. Le sujet de l’IVG ne peut pas être seulement traité au travers d’une post-adolescente de 20 ans ( pour laquelle peu de gens aujourd’hui contestent la nécessité de ne pas s’embarquer trop tôt dans la maternité), d’une féministe revancharde caricaturale et d’une maman coincée et obsédée par les gosses. Non, assurément, on ne traite pas d’un sujet aussi lourd avec des clichés. On se renseigne auprès des services hospitaliers, on explique qu’il y a de nombreuses jeunes femmes qui prennent l’IVG comme un moyen de contraception comme un autre et que c’est pour cela, sans doute, que l’on demande aux jeunes femmes de raconter leur histoire avant de procéder à l’opération; on précise et on essaie de comprendre pourquoi certaines en sortent traumatisées et d’autres vont très bien après; et, surtout, on essaie de ne pas oublier qu’à la genèse d’un IVG, il y a eu une conception et le début d’une vie à laquelle on doit choisir ou pas de mettre fin. Un embryon n’est pas un kleenex que l’on jette de façon inconséquente. Devant un sujet aussi grave, on ne brandit pas le drapeau égoïste – et léger – du « je ne suis pas qu’un ventre »; on prend un ton plus modéré. On rappelle qu’avorter n’est pas une formalité. On insiste sur le fait que c’est une démarche PERSONNELLE et qui nécessite une réflexion, un rendez-vous avec un gynécologue puis avec un psychiatre. De plus, on ne diabolise pas le service hospitalier qui, lui aussi, a le droit d’avoir un point de vue car il a l’expérience de centaines de cas par an et qui peut être donc parfois – c’est humain- sensible sur le sujet. Un ouvrage que l’on ne vous recommande donc pas car il prend parti ,montre du doigt et « ridiculise » un peu tous ceux qui culpabilisent de renoncer à une grossesse.
Titre de la série: « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets? »
Tome 2: On l’appelera Simone
Editions: Fluide Glacial
Auteures: Véronique Cazot et Madeleine Martin
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