La bohème ou la philosophie de vie de cette  « tribu prophétique aux prunelles ardentes »

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Par Soisic Belin – bscnews.fr/ Plein phare, l’exposition démarre sur « les chapeaux de roue » : une vidéo noir et blanc, projetée sur le mur, qui nous donne toutes les clefs de définition du gitan et de sa philosophie, « une vie simple et joyeuse ».

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Le gitan mène une vie de bohème, sans attache, sans règle intense; il est sensuel, hors du commun. C’est une vie entre misère et gloire* . Assurément, le Grand Palais mérite son titre de géant de la mise en scène. Pourtant, si tout le monde se précipite à l’exposition rétrospective d’Edward Hopper, point de file d’attente pour la Bohèmealors qu’elle vaut le détour : des salles aux décors étudiés, aussi bien pour la couleur des murs, les matières employées (tel que le velours pour son coté cosy ou encore la scénographie : salle des chevalets avec une sublime mise en abyme du peintre dans son atelier, la chambre du 6ème étage des immeubles haussmanniens (nos chambres de bonnes actuelles) où l’on a voulu jouer sur les différences de température pour recréer cette atmosphère de précarité, les murs avec la tapisserie en lambeaux…Puis, plus loin, quand on pense avoir tout vu, on entre dans un café et on est à Montmartre en 1860 au Chat Noir ou au Café du rat mort en attente d’une fée verte (absinthe) qui rendra notre âme vagabonde et propice à l’imagination.

L’exposition se veut chronologique, didactique et elle l’est ! On y découvre au fil du temps l’évolution et les métamorphoses du terme bohème et sa projection dans l’art. Avant tout littéraire, le terme « bohème » est repris par la peinture avec ,entre autres, Léonard de Vinci, Nicolas Regnier, Georges de La Tour. Le bohémien est vil, tentateur, de tous temps adoré et rejeté et les romantiques y verront un réservoir de merveilles et de chimères. Ce sont des diseuses de bonnes aventures qui jouent avec nos joies et nos peines. On retrouve le gitan au 19ème dans la musique, la danse, l’opéra et notamment dans Mignon, La Traviata, Carmen. Franz Liszt – qui se considère lui-même comme « un virtuose errant » – publie le premier traité de musique hongroise en 1859. C’est d’ailleurs au 19ème que le terme bohème se décale et n’est plus seulement associé à une catégorie de population gitane mais à tous ceux qui vivent en marge. Les artistes et cette fascination pour le mystère de l’inspiration, Courbet, les impressionnistes, Achille Zo, Delacroix, Géricault … ces gens excentriques qui s’opposent à la bourgeoise académie et qui passent leur temps nonchalant dans les cafés et les ateliers. Arthur Rimbaud et Paul Verlaine sont des symboles de cette bourgeoisie bohême. On ressort de cette exposition comme transporté, revenant d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…le grand Palais nous offre une échappée dans le temps.

Titre: *citation de Charles Baudelaire- Les Fleurs du Mal « les Bohémiens en voyage ».
*citation de Sylvain Amaric (commissaire de l’exposition).

Bohèmes- Au Grand Palais
Du 26 septembre 2012 – 14 janvier 2013
Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h (nocturne le mercredi jusqu’à 22h).

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