Léonora Miano : une histoire des afropéens
Par Babusha Verma – bscnews.fr / Ecrits pour la Parole (janvier 2012) de Léonora Miano se consacre à la présence noire dans la France d’aujourd’hui. Il vient d’être couronné du Prix Seligmann 2012 à Paris, qui récompense annuellement une création écrite, par des auteurs africains ou afro descendants, consacrée à la lutte contre le racisme.
Auteure de six romans, Léonora Miano, une camerounaise s’installée actuellement à Paris, propose son premier texte littéraire pour le théâtre intitulé Ecrits pour la parole. La parole y est donnée à une minorité française: les Noirs dans la France d’aujourd’hui. Ces noirs sont caractérisés comme les afropéens, un mot pour désigner ces gens qui sont dans l’entre-deux mondes (Afrique et Europe). Cet œuvre exprime toute la complexité de la communauté noire: sa teneur, sa valeur et son ambigüité. En dévoilant le rapport conflictuel et douloureux qu’entretiennent les Noirs de France avec la question de la race et de l’identité, il dénonce les idées et les préjugés associés avec ces noires. Dans cet égard, l’œuvre a été sélectionné récemment pour le Prix Seligmann 2012 contre le racisme.
Basé sur l’histoire de femmes noires occidentales, le texte est structuré en deux mouvements: « In-tranquilles » et « Femme in a city ». En partant d’une série d’histoires personnelles, « In-tranquilles », la première partie du recueil nous plonge dans l’intimité des personnages afropéens. Ils s’interrogent sur leur passé, leur présent et leur futur.
Au travers d’un prisme politique, Léonora Miano raisonne qu’être noir est de l’ordre de la mémoire et non de la catégorie biologique naturelle.
« Le plus terrible pour les vaincus, ce n’est pas les vaincus, ce n’est pas la défaite […] c’est devoir accepter l’idée que leurs aïeux aient été subjugués humiliés dominés injuriés écrasés massacrés […] Le plus terrible, pour la descendance des vaincus, ce n’est pas tant la défaite, c’est d’avoir été piétines pour rien. »
Mais au-delà de l’aspect analytique, l’œuvre est une étude des rapports culturels des femmes noires en France. La deuxième partie de ce recueil des voix, «Femme in a City » met en scène les pensées intimes d’une femme noire, ses réflexions et ses colères. Pourquoi, pour les femmes noires dans la France d’aujourd’hui, la vie se passe bien sauf ses relations avec la gent masculine? La femme noire occidentale s’interroge sur ses rapports à l’histoire, à la France, aux racines, aux traditions, aux hommes, aux amies et aux parents. Elle questionne sa place dans son monde et cherche la justice, l’égalité et l’amour.
Dans ses efforts de présenter la vie des femmes noires occidentales, surtout en relation avec la couleur de leur peau, Eva Doumbia a adapté et a mis en scène Blues pour Elise (2010), un roman de Miano ainsi que les monologues de « Femme in a City » dans une pièce intitulée Afropéennes.
Léonora Miano – Écirts pour la parole – Editions L’Arche (Photo Léonora Miano L’Arche Editeur M. Chiappone-Lucchesi)
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