En 1968, il fonde la Compagnie Philippe Genty et crée depuis des spectacles représentés en France et à l’étranger qui mêle divers types de marionnettes, la danse, le théâtre, les jeux d’ombre, le mime … Pour cette saison 2012/13, la Compagnie tourne plusieurs spectacles dont Ne m’oublie pas, un voyage extraordinaire entre illusion et magie, qui met en place un ballet étrange avec vingt personnes-personnages sur le plateau; l’oeil est placé dans une « confusion » permanente entre les mouvements des comédiens et des mannequins hyperréalistes qui représentent leurs doubles. Nous étions tentés de poser quelques questions à ce Maître des Illusions, les voici!
Vous êtes auteur de spectacles visuels, mêlant dans vos spectacles marionnettes, magie, danse, illusion, théâtre, mime, jeux d’ombres et de lumières…quel parcours artistique ( formations, rencontres etc..) a donné toutes ces cordes à votre arc?
À l’occasion d’un tour du monde en 2 CV dans les années 60, j’ai rencontré la plupart des marionnettistes de chaque pays traversé: des troupes de théâtres de l’Europe de l’Est jusqu’aux créateurs des Muppets en passant par les manipulateurs du Bunraku. Ensuite j’ai pas mal joué avec mes propres marionnettes dans des cabarets et des revues de music-hall pour financer ma compagnie. Faire un numéro entre un prestidigitateur et une striptease contorsionniste, c’est assez formateur tant pour le rythme qu’en termes d’inspiration! Mais la rencontre décisive avec ma compagne, Mary, qui était danseuse, a insufflé une dimension chorégraphique à nos spectacles qui n’a cessé de se développer jusqu’à aujourd’hui.
Ne m’oublie pas est né d’un coup de cœur pour un pays, la Norvège, et pour la qualité de son enseignement? Pourriez-vous nous raconter la genèse de ce projet?
Ce n’est pas tout à fait comme cela que les choses se sont passées. « Ne m’oublie pas » est un spectacle que nous avons créé il y a vingt ans et dont nous avions repris les grandes lignes pour former un grouped’étudiants norvégiens si incroyablement talentueux que nous avons fini par décider d’en faire un spectacle à part entière. inspirés en effet par la Norvège, nous avons transformé quasiment toutes les scènes
d’origine. L’ambiance à Verdal faisait fortement écho à l’image obsessionnelle autour duquel le premier spectacle avait été conçu: un homme au crépuscule à la recherche de souvenirs enfouis dans la neige qu’il amasse dans un traineau .
Depuis combien de temps ce spectacle est-il joué? Les élèves de Nord-Trondelag University College de Verdal sont-ils les seuls à l’avoir interprété?
Le premier « Ne m’oublie pas » date de 1992. Ce nouveau spectacle a été écrit en 2011 et recréé en 2012. Les comédiens sortis de Verdal sont donc les seuls à l’avoir interprété dans cette nouvelle version, c’est un spectacle très récent dont les racines sont anciennes.
22 personnes-personnages sur scène: dix artistes et leurs doubles, grandeur nature…qu’apporte, pour vous, la présence des mannequins (et des marionnettes en général, très présentes dans vos créations) sur un plateau?
Je suis fasciné par la limite entre l’animé et l’inanimé, le vivant et son mirage. La manipulation d’objets, de mannequins, de matériaux permet d’interroger ces zones obscures.
En quels matériaux sont faits ces mannequins?
Essentiellement composés de l’étoffe des songes à laquelle nous avons adjoint un peu de bois, résine, mousse, polycarbonnate, verre pour les yeux, métal pour les articulations… J’en oublie sûrement quelques-uns.
Que raconte Ne m’oublie pas?
Mes spectacles ne « racontent » rien. C’est le spectateur qui se raconte à travers eux. « Ne m’oublie pas » évoque le monde du rêve, la réapparition des souvenirs enfouis, le vertige de l’amour, l’envie de défier la mort, à travers des personnages tantôt facétieux tantôt émouvants.
On dit que « pour Philippe Genty, la réalité copie l’illusion »? Pourriez-vous nous expliquer ce paradoxe?
Le charme du paradoxe c’est de rester paradoxal et donc inexpliqué, non? À chacun de forger sa propre explication.
Si la réalité copie l’illusion, que créez-vous? la réalité ou l’illusion?
Je dirais qu’en cherchant la réalité de l’illusion, je suis amené à produire l’illusion de la réalité.
On serait tenté de dire que c’est l’œil du spectateur qui fait tout…
Oui, c’est le propre du rêve éveillé. Mais le rendre possible demande un certain travail.
Pour créer l’illusion, il faut tromper les sens du spectateur…diriez-vous que vos spectacles poussent à son acmé l’objectif viscéral de toute représentation théâtrale?
Il y a toute sortes d’illusions, celles qu’on reconnait comme illusions tout en s’y abandonnant sont les plus délicieuses et instructives à mon sens. Mais je pense que ce n’est qu’une des voies théâtrales possibles, il y en a une multitude d’autres.
Enfin, si vous deviez citer un artiste, une lecture ou une œuvre qui vous a accompagné dans votre travail artistique, lequel ou laquelle serait-ce?
De nombreuses œuvres m’ont bouleversé et influencé, mais citons celle qui m’a accompagné presque dès le départ: les dessins de Saul Steinberg à la fois très simples, pleins de malice, d’humour et d’énigmes.
Les Dates de représentation:
-Du mar 04 déc 2012 au ven 07 déc 2012 à Sète (34) – Scène Nationale
– Ven 14 déc 2012 à Vésinet (78) au Théâtre du Vésinet
– Du mer 09 jan 2013 au jeu 10 jan 2013 à Maubeuge (59) au Manège
– Sam 12 jan 2013 à Evry (91) au Théâtre de l’Agora
– Mar 15 jan 2013 à Joué-lès-Tours (37) – Espace Malraux
– Du jeu 17 jan 2013 au ven 18 jan 2013 à Périgueux (24)
– Du ven 25 jan 2013 au sam 26 jan 2013 à Romans-sur-Isère (26) – Théâtre Jean Vilar
– Du ven 01 fév 2013 au sam 02 fév 2013 à Marseille (13) au Théâtre Toursky
– Ven 15 fév 2013 à Villejuif (94) – Théâtre Romain Rolland
– Sam 16 fév 2013 au Festival Les Hivernales en Essonne (91)
– Du jeu 14 mar 2013 au ven 15 mar 2013 à Béziers (34) – Théâtre Municipal
– Jeu 21 mar 2013 à Soissons (02)
– Sam 23 mar 2013 à Grand-Quevilly (76) au Théâtre Charles Dullin
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